Après dix années passées à parler de la difficulté de la vie à deux et des affres de la vie de couple, c’est finalement Arab Strap qui "casse".
Sur la pochette de cette compilation regroupant quelques-uns des meilleurs morceaux du groupe ainsi que des inédits, on peut voir Aidan Moffat et son comparse Malcom Middleton assis sur la banquette de ce que l’on imagine être aisément le QG de boisson de deux bougres…
Mais même si ils ont une pinte à la main, les cœurs n’y sont pas… Ultime pied de nez à un groupe qui s’auto déclarait "Glad To Be Sad" heureux d’être triste… Dans une récente interview, Aidant Moffat déclarait à demi mot que la fin était proche… Il est casé et semble avoir envie de profiter de son équilibre relationnel. Il faut dire qu’en dix ans, il en aura fourré des gisquettes le bougre, n’hésitant jamais à insérer d’indélicats détails sur ses histoires (d’un soir, de cinq mois, de deux ans) souvent foireuses.
Cette "compilation" revisite chronologiquement les faits d’armes de nos deux Écossais. Malcom Middleton s’occupant de l’habillage musical, sous forte influence des premiers Smog ou des arpèges à haute tension des Américains de Slint… Moffat vaquant à tout ce qui sort du champ musical, exception faite de quelques ajouts de synthés. Son rayon, c’est plutôt la narration désabusée…
On retrouve ici quelques incontournables, comme "The First Big Week End", carnet de route d’une mémorable beuverie sur fond d’arpèges et de rythmes discoïdes qui fut naguère utilisé pour un spot publicitaire pour Guinness (CQFD)… Une version épurée de "Pack Of Three", tirée du pas drôle du tout Philophobia, revient sur l’infidélité, avec cette ligne mémorable "Tu me dis que vous l’avez fait quatre fois, mais les capotes se vendent par paquet de trois… ".
"Soaps" a quitté ses habits tout gris pour se après de luxuriants arrangements de cordes, tandis que Moffat raconte un dimanche après-midi pourri à regarder des merdes à la télé avec bobonne qui est fâchée… À noter un tonitruant remix de "Turbulence" brillamment relifté par leurs voisins de Bis, bombinette disco qui fera se déhancher les garçons et les filles.
L’Ecosse perd donc une de ses valeurs sûres et nous c’est comme si on perdait un bon pote. Certes Moffat ne nous rassurait pas vraiment sur la connerie masculine, mais il nous aidait à nous sentir un peu moins con et à déculpabiliser… Et puis à vrai dire, on a évolué avec lui. On a trente ans, on est casé, et l’on a passé l’âge de jouer l’ado misérabiliste attardé…
Pour ceux qui doutent que les gars d’Arab Strap sont en réalité de joyeux drilles, qu’ils laissent tourner le dernier morceau. Une improbable reprise de "It’s A Heartache" de Bonnie Tyler leur démontrera le contraire. |