Set
fire to flames est un collectif évènementiel à
périmètre variable qui réunit différents acteurs
de la scène de Montréal notamment des membres des formations humainement
proches mais musicalement variées qui gravitent autour du label Constellation
: A silver mt zion, Exhaust, Fly pan am, Godspeed
you! Black emperor, Hanged up ou Sackville.
Attention il ne faut surtout pas s'attendre ici à un matériel
proche de ce qui a pu être fait par ces formations, ceci pour éviter
tout malentendu. Il s'agit d'une performance conceptuelle consistant à
couper du monde (et de la réalité) tous ces militants soniques
afin de formaliser un ouvroir potentiel de musiques pas comme les autres.
Un premier album véritablement réjouissant et formellement intéressant
était sorti en 2001 : cet objet dérangeant et beau proposait alors
en effet une improvisation riche, étrange, inclassable et variée
extrêmement intriguante, un voyage incroyable et improbable à la
limite de la chute.
Après cette première réussite on attendait donc légitimement
beaucoup du projet, malheureusement la deuxième tentative (actuellement
en devanture des disquaires dans un magnifique packaging mais accompagné
d'un autocollant marketing établissant un lien hâtif et source
de malentendu avec le groupe God speed you black emperor) se révèle
être décevante : plus pesante, difficile et presque ennuyeuse,
le concept ayant quasiment totalement avalé la musique qui passe alors
au second plan.
Les passages susceptibles de nous passionner existent, le talent et l'inspiration
des différents musiciens sont là, mais sont très peu exploités
et souvent noyés dans une soupe concrète hérmétique
et sombre à base de drones, de samples et d'expérimentations sonores
diversement adaptés. Il est alors difficile d'être convaincu sur
la durée par cet objet. Si les membres avouent avoir eu recours à
un usage varié de psychotropes, il aurait sans doute été
bon au sortir de cet état second de réécouter les bandes
enregistrées et de se demander s'il était vraiment nécéssaire
de produire tel quel ce disque ou plutôt de fournir l'effort de synthétiser
cet élan sur un simple album en privilégiant une recherche de
cohérence et non uniquement de retranscription fidèle et extensive
de l'expérience humaine vécue.
En d'autre terme le travail d'ouvroir a été realisé avec
succès mais la formalisation sur un support est ici très incertaine
et tellement dommage quand on sent ce qu'il aurait pû en sortir.
Un double album qui aurait pu fonctionner mais au final assez dispensable.
On pourra donc laisser de coté cet album-ci au profit du précédent
Sings reigns rebuilder qui présente toutes les cartes maîtresses
du projet en évitant les écueils qui ont été (malheureusement!)
fatals au double album de cette année.
On attendra par ailleurs le prochain avec un intérêt et une affection
conservée ne serait ce que pour l'idée et l'ambition salutaires
des membres du projet.
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