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Interview  (Paris)  15 décembre 2006

Catherine Benhamou joue "Hors jeu" un montage en forme de monologue polyphonique de textes qu'elle a écrit alors qu'elle jouait la mère morte dans la poubelle de "Fin de partie" de Samuel Beckett. Des écrits cathartiques, liés à la mort de sa propre mère, qui sont devenus un texte de théâtre.

Rencontre avec une comédienne sensible et rare qui réussit sur scène une sublimation extraordinaire.

Ce monologue a été écrit dans des circonstances particulières alors que vous connaissiez dans votre vie personnelle une situation analogue à celle que vous jouiez sur scène. Y avait-il une intention littéraire ?

Catherine Benhamou : Quand on écrit il y a toujours une intention littéraire même si elle n'est pas totalement déclarée. J'ai commencé par écrire et ce n'est qu'ultérieurement que j'ai pensé qu'il y avait de la matière pour faire un monologue. J'ai commencé effectivement à écrire quand je jouais cette pièce et je remplissais des carnets encore et encore. Une dizaine que j'ai relu après la fin du spectacle te j'avais le sentiment qu'on pouvait en tirer quelque chose. J'ai travaillé à partir de cette matière brute en faisant des montages, de coupe sombres mais aussi en réécrivant. Mais au départ c'était l'écriture pour écrire et écrire un ressenti.

Un texte pour le publier ou le jouer ?

Catherine Benhamou : Le jouer car j'avais vraiment envie de jouer. L'enfermement dans la poubelle et le fait d'être réduite au silence m'ont donné envie de jouer.

Etait-ce envisageable de voir ce texte interprété par quelqu'un d'autre que vous ?

Catherine Benhamou : Non. Maintenant que je l'ai joué, oui je peux envisager que quelqu'un d'autre le prenne en charge.

Ce texte au départ très autobiographique a été retravaillé en vue de sa représentation théâtrale, donc est devenu un texte de théâtre. Mais le fait de le jouer et de vous retrouver dans la situation qui a généré ce texte vous replongent-ils dans la même situation et la représentation agit-elle comme une catharsis ou êtes-vous désormais une comédienne qui joue un texte ?

Catherine Benhamou : Je n'irai pas jusque là mais c'est un texte fini, abouti et je n'en change pas un mot. Je ne suis pas l'auteur qui joue son texte mais une actrice qui a pris un texte à son compte. Le fait que j'en sois l'auteur fait que ce texte est à mon rythme intérieur donc c'est très satisfaisant et très agréable car cela correspond à une pulsion intérieure. Je n'ai pas à faire tout le travail qui consiste à s'emparer d'un texte et de le faire correspondre à mon univers. C'est direct ici.

Quel a été l'apport de Gilles Bouillon, votre metteur en scène qui est également celui de "Fin de partie" ?

Catherine Benhamou : Gilles bouillon avait des parti pris de mise en scène très affirmés comme le fait que je ne serai pas dans un poubelle mais dans un espace mental pour que le corps puisse être en jeu et non pas confiné comme il l'était dans la réalité. Il a également inclus les images du spectacle. J'ai beaucoup travaillé à partir de la scénographie de Nathalie Holt.

Ces images sont traitées de manière particulière puisqu'il s'agit d'images en négatifs qui font que les acteurs apparaissent un peu comme de silhouettes ectoplasmiques particulièrement adaptées au texte.

Catherine Benhamou : Oui. C'est Nathalie Holt qui les a retravaillées dans cette optique.

La robe que vous enfilez et ôtez à plusieurs reprises est également un point de repère pour le spectateur.

Catherine Benhamou : Oui. Nous voulions un personnage qui se fait son propre cinéma, en l'occurrence son théâtre et l'utilisation de ce vêtement concrétise toutes ses gesticulations dans son univers mental.

Il s'agit d'un texte dramatique qui comporte cependant des passages amusants, presque drôles. Cela est-il intentionnel pour créer des respirations ?

Catherine Benhamou : Oui, cela découle du montage car dès qu'on en entait dans l'émotion je voulais opérer une cassure pour repartir dans autre chose comme un zapping qui correspond au personnage dans la poubelle qui passe d'une chose à l'autre selon ce qui se passe autour d'elle, les mots qui lui parviennent et qui parfois la révolte notamment ceux autour du cercueil car les mots de Beckett sont lourds pour éviter l'étouffement.

Justement puisque vous parlez de Beckett, quels sont vos rapports avec cet auteur et l'homme puisque vous parlez à plusieurs reprises de son regard de rapace ?

Catherine Benhamou : J'admire énormément l'auteur comme tout le monde qui est le père du théâtre contemporain. C'est un auteur extraordinaire et j'ai lu presque toute son œuvre. J'adore. Et par ailleurs, en tant qu'actrice je ne me retrouve pas tellement dans son théâtre qui est un théâtre d'hommes qui comporte peu de rôles pour les femmes à l'exception de Winnie dans "Oh les beaux jours" et encore est-elle en train de s'enterrer dans le sol. C'est donc frustrant pour une actrice. Je préfère voir ses pièces que les jouer. Et puis cela paraît un peu insolent d'oser écrire quand on entend sa prose. Je ne peux évidemment pas me mesurer à lui qui est comme un père castrateur. Et simultanément il me sauve. Il a deux facettes.

Vous êtes auteur dramatique ?

Catherine Benhamou : "Hors jeu" est mon premier texte. J'ai écrit un texte auparavant mais à partir d'écrits de Gertrud Stein donc il ne s'agissait pas d'un texte original.

Ce premier texte restera-t-il isolé et unique parce que très fortement lié à un épisode de votre vie ou avez-vous envie d'écrire ?

Catherine Benhamou : J'ai vraiment envie de continuer car cela fût une expérience formidable et je vois que les gens sont touchés par l'écriture d'une autre façon que par le jeu. Maintenant je ne sais pas si je pourrai continuer.

La programmation à l'Atalante est assez courte. Y a-t-il des envies et des projets de reprise ?

Catherine Benhamou : J'aimerai bien faire une tournée avec ce monologue et nous y travaillons. Je voudrai jouer ce texte longtemps encore.

Vous êtes à l'affiche d'une pièce qui va se jouer début 2007 à l'Etoile du nord.

Catherine Benhamou : Oui, j'y joue un petit rôle et je fais l'assistanat à la mise en scène de cette pièce de Jon Fosse "Rêve d'automne".

Ce sont vos débuts à la mise en scène ?

Catherine Benhamou : Oui. Je pense qu'aujourd'hui il faut élargir son champ d'intervention dans ce métier. Et puis la mise en scène m'intéresse.

Cela veut-il dire qu'être uniquement comédienne ne suffit pas ?

Catherine Benhamou : On le peut mais c'est difficile surtout pour les femmes. Je crois qu'il faut monter ses propres projets et ne pas se contenter d'être sollicitée au téléphone. De toute façon avec tous les problèmes liés au statut des intermittent sonne peut plus se contenter d'attendre. En tout cas, maintenant c'est ce qui m'intéresse. J'aime aussi être dans les projets de metteurs en scène et de les défendre.

Est-ce facile de monter un projet ?

Catherine Benhamou : Ce n'est pas plus facile mais la dynamique est différente car il n'y a pas de passivité. Les choses sont également différentes depuis que je me suis mise à l'écriture.

Avez-vous d'autres projets ?

Catherine Benhamou : Oui mais ce sont des projets qui ne sont pas encore concrétisés.

Quel est le théâtre que vous voulez défendre ?

Catherine Benhamou : Je suis attachée aux beaux textes et ce sont les textes qui comptent qu'ils soient classiques ou contemporains. Je ne me sectarise pas.

Ce même éclectisme présidera au choix de vos projets personnels ?

Catherine Benhamou : Je pense que ces projets tourneront autour de mon écriture. Je ne suis pas metteur en scène pour m'attaquer à Shakespeare ou des textes de ce gabarit. En revanche mes propres texte, des montages ou des adaptations.

Etes-vous une spectatrice assidue ou occasionnelle ?

Catherine Benhamou : Je ne passe pas tout mon temps au théâtre car j'ai des enfants et une vie personnelle mais je vais souvent au théâtre car cela me nourrit.

Et vous êtes une spectatrice "indulgente" ou votre œil est-il plus sévère du fait de votre profession ?

Catherine Benhamou : Je pense que je suis plutôt exigeante. Il y a peu de spectacles qui m'emballent vraiment et en même temps il y a toujours quelque chose qui m'intéresse dans un spectacle que je vais voir.

Donc vous ne partez pas en cours de représentation ?

Catherine Benhamou : Non. Ou alors il faut que cela soit vraiment très mauvais.

Alors ne parlons pas du mauvais mais des spectacles qui vous ont séduit récemment.

Catherine Benhamou : J'ai vu "Gaspard" de Peter Handke au Théâtre Gérard Philippe à Saint Denis monté par Richard Brunel avec Olivier Werner avec qui je vais travailler la saison prochaine. C'était vraiment un très très beau spectacle.

 

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"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
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"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
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"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
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"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
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"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
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"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
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