De l’album électroniqué à l’album avec le sticker apposé vert fluo "Plus fort que Brel, comme la rencontre entre Ferré et M Pokora", on aurait tendance à oublier que certains artistes se cachent derrière les attachés-case, un peu plus loin dans le bois. Attendant leur heure derrière un rondin de bois, prêt à tendre l’embuscade aux stars d’un jour.

Frida Hyvonen, de sa Suède natale, semble connaître le vert boisé, la nature des panoramas sans bitume, les fjords qui dérivent. Et ce premier album quasi-définitif, entendre par là indépassable, est une sentence martiale pour ceux qui ne se sont jamais vraiment remis du premier Fiona Apple ou Tori Amos.

Until death comes donc, et sa pochette minimaliste, ferait presque oublier que la dame chante seule, accompagnée de son piano chamanique, qui avec ses accords si simples parvient à remplir l’acétate tel un orchestre Spectorien ou un ensemble de Bacharach.

Until death comes porte magnifiquement bien son nom, tout n’est ici qu’attente sublime du dernier jugement, feu de joie avant l’apocalypse. "I drive my friends" est peut-être tout simplement la meilleure comptine innocente avec sa descente en quinte au piano, qui pourrait rappeler aux plus pop d’entre nous le "I sat down" de Hal, sorti voila un an et demi.

Et Frida, belle comme un ange, de fournir des mélodies comme Mc Cartney n’en a plus fourni depuis "Dear prudence" ou "Julia". Oui Monsieur, et oui Madame. Car cet album est unisexe, pour les poilus et les plantureuses, pour les amoureuses dépressives groupies de Fiona Apple comme pour les rebelles violentes fans de Tori Amos. Et bien meilleure que l’album surgonflant de Regina Spektor.

"Diuna" et son clavier de valse, "You never got me right" et ses airs de Carole King, la lente complainte funèbre de "Today", "Tuesday", rappellent autant Erik Satie que ses suiveurs, et l’on reste surpris après plusieurs écoutes de découvrir des nuances alors qu’un seul instrument est au centre, seulement agrémenté des doublages de voix de Frida. Ange des fjords qui tente la ballade à la manière des Ronettes sur "Come another night", pari réussi, chanson taillée pour le swing avec une beauté jamais exaltée, mais toujours présente. Comme une entrejambe qui laisse entrevoir ses mystères sans jamais montrer la culotte.

Il y avait jusqu’ici un Monsieur Propre. Désormais il faudra compter sur cette Madame Pop, qui rend le blanc si coloré. Et persuade que le rock anglais est mort, l’avenir est au nord.