En dépit de sa pochette ignoble qui évoquerait une marque de lessive aux adeptes de Soupline, A brighter beat marque la continuité pour Malcolm Middleton.
La recherche du bonheur, pour celui qui avouait encore publiquement que "composer, c’était encore une manière de baiser les groupies". Avec ce troisième album solo, Malcolm semble avoir réussi tout ses objectifs, quels qu’ils soient. L’album est bon, et l’homme heureux.
Plus inquiétant que Nico la tox’, à peine plus gai que la mort, Malcolm semble étonnamment avoir découvert le coït ou ses tentations pour ce troisième album solo en marge de Arab Strap. Une indicible envie d’espérer se lit dans l’œil vitreux de l’écossais pourtant fidèle à la philosophie cockney du "glad to be sad ".
Et si A brighter beat emprunte le même sentier qu’Into the woods, c’est pour mieux se perdre en route, badigeonner son acoustique diminuée de lubrifiant pop, prendre ses névroses par derrière, à l’improviste comme sur le désopilant "We’re all going to die" qui le voit devenir mac de ses angoisses qui tapinent. Sur les trottoirs d’un Londres forcément pluvieux avec The Delgados et Mogwai jamais très loin. Malcolm joue encore une fois la catharsis désabusée et propose le bonheur en noir et blanc.
Il faut étrangement attendre la troisième piste pour voir l’album vraiment démarrer sur les arpèges tendus de Malcolm. Problème d’agencement des pistes, ou réel désir de dérouter, c’est avant tout la tristesse de Middleton qui fait de Malcolm le songwriter que l’on connaît, cynique et désabusé. Histoire de ruptures et de solitudes forgent l’album comme sur Into the woods, et son poignant "Monday nothing". C’est ici la chanson éponyme "A brighter beat" qui joue le pathos, embarqué sur un ferry vers l’outre-manche.
Le sentiment de suspicion s’étend malgré tout à l’ensemble de l’album, Malcolm semble vouloir rompre avec ses habitudes et son allure de perdant magnifique, proposant ça et là des accompagnements de chœurs sucrés sur ses complaintes tragiques. Manière d’adoucir ses mœurs bien sombres ("Stay close sit tight").
Fort heureusement, le piano salvateur des Delgados est encore de l’aventure, comme sur le génial - meilleur titre ? - "Four cigarettes", et son piano qui dégringole du 4ième étage, dans la nuit déserte d’un Londres remplie de monstres qu’on aimerait voir disparaître en se cachant sous le lit des parents.
La tristesse suit son cours, et finalement, fait peut-être de A brighter beat le meilleur album du loner gallois. "Somebody loves you" et ses arpèges bluesy renouent avec les fantômes, affrontés de face.
Et la dernière piste, "Superhero songwriters", est une conclusion parfaite de sept minutes militaires, lorgnant vers Pulp période This is hardcore, ballade d’enterrement avec cor, violons et trombone. Hypothétique introduction vers un quatrième album lumineux et le sacre du roi louchant vers la pop.
Avec A brighter beat, le perdant magnifique gagne définitivement la partie. |