Comédie dramatique de Paul Claudel, mise en scène de Sarah Sanders, avec Laurence Février, Martine Maximin, Jean-François Prévand et Vincent Byrd le Sage.
Un couple s'installe aux États-Unis. Lui travaille comme gardien du domaine de Thomas Pollock Nageoire, un millionnaire américain, vivant avec une comédienne Lechy Elbernon. Elle vaque aux occupations ménagères et est l’objet d’une désir et d’un troc manigancé par le maître et accepté par le mari artiste épris de liberté qui succombe au charme de l’actrice.
Paul Claudel écrivait au sujet de la thématique de "L'échange" : "L'esclavage où je me trouvais en Amérique m'était très pénible, et je me suis peint sous les traits d'un jeune gaillard qui vend sa femme pour recouvrer sa liberté. J'ai fait du désir perfide et multiforme de la liberté une actrice américaine, en lui opposant l'épouse légitime en qui j'ai voulu incarner la passion de servir."
En raison de la double image manichéenne de la femme, du rapport marchand entre les hommes et du sujet même de l’asservissement volontaire ou non, résultant de l'attachement aussi à des biens matériels qu'à des sentiments, comme entrave à la liberté fondamentale de l’homme, il s’agit cependant d’une pièce obscure qui se prête de par sa richesse à de nombreuses interprétations.
Comme celle de Sarah Sanders qui, dans une mise en scène sensible et sobre, et en choisissant deux interprètes noirs de La Compagnie de la Comédie Noire pour le couple Laine, y introduit une symbolique très contemporaine.
Vincent Byrd le Sage, Laurence Février, Jean-François Prévand et Martine Maximin sont d’une justesse et d’une sobriété remarquables avec une mention toute particulière pour cette dernière pour son incarnation tout à fait intense et lumineuse. |