J’ai un seul et très vague souvenir d’Isis. En 2003, la tournée européenne du groupe était passée par Rennes, dans une salle assez excentrée de la zone industrielle ouest. Je n’étais pas spécialement venu pour voir Isis. Ma marotte de l’époque, le gourou de l’electronica Christian Fennesz jouait en première partie du groupe. Je me souviens du set de Fennesz : court, puissant et saturé ( imaginez Du My Bloody Valentine sur laptop) mais très court : une vingtaine de minutes je crois… Il avait de sérieux problèmes avec son powerbook.
Un peu frustré mais histoire de rentabiliser les cent bornes effectuées pour voir vingt minutes de Fennesz ( !!!!!!!!!!!) je suis resté voir Isis . C’était du gros métal bien puissant, qui envoyait lourd… J’avais apprécié leur travail sur les textures, avec des guitares bien méchantes mais atmosphériques… J’avais été aussi sidéré par la frappe implacable du bûcheron qui faisait office de batteur… Le seul hic, c’était la voix du chanteur qui poussait un gros souffle rauque qui me rappelait le pire de mes années heavy métal…
In The Absence Of Truth est à ranger dans les albums de métal intrigants et envoûtants. La démarche d’Isis serait à rapprocher de groupe comme Tool ou les Deftones. Comme chez les groupes précités, on retrouve tous les ingrédients du métal ; guitares lourdes, batterie mammouth, chanteur viril de la voix... Mais la grande qualité de ces groupes reste leur étonnante d’ouverture d’esprit (les Deftones sont des fans de Cure et des Smiths…).
Lorsque Isis sort des sentiers battus du métal, le groupe américain échafaude de complexes équations dignes des meilleurs post rockeux. Les jolies (mais néanmoins rugissantes) guitares atmosphériques de "Not in Rivers, But In drops" ont leur charme. L’album est rempli de guitares claustrophobes qui rappellent parfois les Cure première période.
Malgré toutes ces indiscutables qualités, Isis vénère encore un peu trop ses racines métal. Malheureusement, j’ai largement passé l’âge de m’enthousiasmer sur un double kick (à quinze ans oui, à trente, bof…). Le chanteur éprouve irrémédiablement le besoin de prendre une insupportable voix rauque rédhibitoire, alors qu’il possède un joli filet de voix.
Malgré ses écueils, In The Absence Of Truth reste un album pour fan de métal lettré et amoureux des belles choses (si si il y en a…), il se mérite écoute après écoute et récompensera l’auditeur patient… |