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Interview  (Paris)  4 janvier 2007

Passionné de théâtre depuis plus d’un demi siècle sans être ni comédien, ni auteur, ni critique, André Degaine est également auteur de livres dessinés sur l’histoire du théâtre.

Rencontre avec un petit monsieur plein d'humour, aux cheveux blancs, à l’air d’adolescent avec sa mèche rebelle sur le front, qui présente notamment un bloc-note humoristique sur le théâtre dans le cadre des Soirées Découvertes Théâtrales organisées par la Société Littéraire de la Poste et de France Télécom au Studio Raspail et à l’émission "Le masque et la plume" sur les ondes de France Inter.

De quand date cette passion du théâtre ?

André Degaine : Je suis avant un spectateur et depuis toujours. Je crois que le déclic est venu en 1934 d’un marionnettiste que j’avais vu quand j’avais 8 ans, un artiste guignoliste lyonnais. Et cela m’a passionné. J’ai été un adolescent de l’Occupation à Clermont Ferrand qui était l’annexe administrative de Vichy et regroupaient les administrations. Sont alors arrivées à Clermont Ferrand les familles des fonctionnaires parisiens qui y étaient à qui il fallait du théâtre et il s’est monté à Lyon beaucoup de jeunes troupes qui sillonnaient la zone libre. Une sorte de décentralisation forcée dont on ne parle pas par gêne alors qu’il n’y a aucune raison car les comédiens avaient besoin de vivre.

Ce qui m’a permis de découvrir et de voir du théâtre d’avant-garde au lieu être cantonné aux tournées Barret et aux comédies de boulevard. J’ai eu mon bac au moment du Débarquement et je suis venu à Paris en 1948 pour travailler aux PTT. C’était une très belle époque théâtrale car il y avait de nombreuses troupes, comme les compagnies Fabbri, Grenier-Hussenot, Hermantier. Ensuite il y a eu jean Vilar. J’ai eu la chance de voir 5 fois sur scène Jouvet lors de sa reprise des ses grands succès d’avant guerre : "Knock", "Ondine", "L’école des femmes", "Don Juan" et "Tartuffe".

Et vous alliez donc souvent au théâtre ?

André Degaine : Oui beaucoup. Et quand je me suis retrouvé rue du Louvre, nous avons une l’idée avec mes copains de monter une troupe non pas pour nous montrer et devenir comédiens professionnels, car nous avions un métier dont nous nous satisfaisions, mais pour les familles de postiers qui n’allaient pas au théâtre afin de leur faire partager nos coups de cœur et cela en parallèle avec la troupe officielle de la poste qui montait plutôt des pièces boulevardières. Et cela a duré 12 ans, un peu comme le TNP.

Et vous fonctionniez comme une association ?

André Degaine : Même pas car nous n’étions pas très désirés. On nous conseillait de rejoindre la troupe officielle. Mais nous ne voulions pas et nous ne demandions rien pour cette activité que nous exercions en dehors de notre temps de travail. Parfois le dimanche nous organisions des bals de campagne avec boissons non alcoolisés pour un prix d’entrée modique qui nous permettait de financer l’achat des tissus pour faire les costumes et la construction des décors. Et nous faisions tout. Nous étions des scouts.

Je suis ensuite reparti à Clermont Ferrand dans les années 70 et j’y ai fait du théâtre mais avec les instituteurs dans un ancien cinéma. J’écrivais même des pièces qui se présentaient plutôt comme des jeux dramatiques, des thèmes mis à la portée des amateurs. J’écrivais aussi dans des revues locales comme "L’auvergne laïque", la revue des instituteurs, "Travail et culture", "Auvergne loisirs".

Il s’agissait de critiques ?

André Degaine : Non, plutôt de présentations de spectacles car il n’y avait souvent qu’une ou 2 représentations lors de tournées des spectacles. Et c’étaient des articles avec dessins à l’appui. J’ai aussi réalisé des calendriers théâtraux pour informer le public par exemple des tournées de Jean Dasté qui venait de Saint Etienne. J’aime beaucoup cela car j’aime les choses très simples et concrètes.

Et encore ensuite un retour à Paris ?

André Degaine : Oui. Et j’organisais des soirées pour les copains en leur proposant des spectacles. Puis est venu le temps de la retraite. Et comme je leur parlais tout le temps de l’histoire du théâtre ils m’ont suggéré de faire un livre sur l’histoire du théâtre. J’ai dit "Chiche !" et c’est comme cela que j’ai écrit mon premier livre "Histoire du Théâtre" que j’ai publié en 300 exemplaires à compte d’auteur et qui se sont tous vendus en 1 mois parce Jérôme Garcin a été emballé par ce livre. J’ai reçu plein d’éloges pour cet ouvrage qui plaisait beaucoup en raison de son aspect illustré et ludique ce dont devraient s’inspirer les livres solaires. Je n’en revenais pas ! J’ai ensuite trouvé un éditeur car je n’arrivais plus à fournir !

Et c’est cette rencontre qui vous a propulsé à l’émission "Le masque et la plume" sur France Inter ?

André Degaine : Pendant 2 ans, je donnais mon mot comme un critique puis je suis resté dans la salle comme un spectateur ordinaire et je donnais mon sentiment de manière plus aléatoire car c’était dur de voir tous les spectacles. Je suis un peu aussi l’historien de l’émission et j’ai 40 secondes pour donner mon mot, un petite blague de l’histoire du théâtre.

Et vous êtes également l’auteur de deux autres ouvrages ?

André Degaine : Oui. Le second était "L’histoire des théâtres de Paris" non seulement des théâtres actuels et des théâtres disparus et j’ai eu l’idée de la raconter par des promenades.

Et toujours manuscrit et illustré ?

André Degaine : Oui. Je fais tout moi-même car cela me donne une grande liberté d’action dans la mise en page.

Et toujours avec pragmatisme et didactisme .On apprend plein de choses. Le 3ème "Le Théâtre raconté aux jeunes" est destiné aux enfants ?

André Degaine : Oui et son slogan est "Une mine de renseignements pour faire une bonne dissertation". C’est une sorte de synthèse de mon "Histoire du Théâtre" mais destiné aux enfants.

Et le Théâtre club de la Poste ?

André Degaine : J’y étais depuis très longtemps mais de manière passive. Et puis des amis m’ont parlé du Studio Raspail qui était un ancien cinéma d’art et d’essai qui a été racheté par France Télécom. J’ai donc participé aux soirées du Théâtre Club à raison d’une fois tous les deux mois il y a 7 ans. Devant le succès de ces soirées, on a pensé à en augmenter la fréquence et avec mon ami Xavier Jaillard nous avons créé les Soirées Découvertes Théâtrales dans lesquelles je propose mon bloc note avec des petits billets d’humeur

Justement, avec le recul de ses 40 années, quelle est votre humeur ? Par exemple sur le dépoussiérage du texte qui passe par sa modernisation ?

André Degaine : Pour moi ce qui est essentiel ce sont les auteurs et les textes. Ce sont eux seuls qui perdurent dans le temps et le metteur en scène doit être soumis au texte. Car il n’est pas un créateur. Il interprète le texte et nous avons connu des interprètes extraordinaires comme Jean Vilar qui ont été inventifs dans la fidélité et le respect du texte ce qui n’est pas si facile que ça. Les pièces classiques peuvent être modernes tout en étant jouées en costumes d’époque.

Mettre les comédiens en tenues contemporaines est facile mais embrouille tout surtout pour les jeunes générations. Par exemple, à l’Odéon, "Le roi Lear" de Shakespeare est devenue l’histoire d’un chef d’entreprise mafieux au temps d’Al Capone et les duels sont devenus des règlements de comptes au revolver. Cela me semble monstrueux même si les comédiens sont bons. Il faudrait au moins changer le titre ou indiquer que c’est "d’après Shakespeare".

L’autre tendance actuelle est d’aller voir non pas une pièce de mais une mise en scène de. Qu’en pensez-vous ?

André Degaine : C’est très grave. Cela conduit souvent à présenter une véritable parodie de la pièce originale. Je me souviens de "Faust" de Goethe mis en scène par Vitez dans laquelle dans laquelle Dieu apparaissait dans une montgolfière et le chien noir qui contient le diable était devenu un gros chien comme un cheval de cirque qui pissait horriblement.

A quoi cela tient-il ? A leur méconnaissance du texte ?

André Degaine : Non. Il s’agit surtout de metteurs en scène très prétentieux qui se targuent de vouloir être des créateurs. Etre créateur c’est-à-dire auteur de théâtre c’est très dur. Et aussi car on a voulu bannir le théâtre moyen celui qui plaisait à un grand public un peu bourgeois. Notamment parce que maintenant le nombre de comédiens sur scène doit être très réduit qui est érigé en règle absolue. Ce qui explique qu’on ait fêté le centenaire de Becket dans les pièces duquel il n’y a jamais plus de quatre personnes sur scène et pas celui de Corneille car il y en a 15.

Actuellement, la Comédie Française qui joue "Pedro et le commandeur" de Lope de Vega refait le coup de "Cyrano de Bergerac". Là où il y a 30 personnages il n’y a que 12 comédiens dont des masques. Ca tombe bien parce que le metteur en scène Omar Porras, qui est un colombien qui vit en Suisse, est un fou des masques. Donc il a converti la Comédie française ! Du coup cela devient des spectacles habiles mais ce ne sont plus des pièces. Il y a 20 ans, cela aurait encouru des sifflets ! C’est ce que je pense et ça n’engage que moi ! (ndlr : conclusion qui ponctue chacun de blocs note d’André Degaine)

Vous trouvez encore le temps d’aller au théâtre avec toutes vos activités ?

André Degaine : Bien sûr. Je participe encore au Masque et à la Plume. Et je vais 2-3 fois par semaine au théâtre.

Quels sont vos critères de c" sqhoix ?

André Degaine : Le Théâtre Club ouvre sa scène à de petites troupes et à des gens inconnus qui montent des spectacle sou des lectures et donc je suis un peu dans l’obligation d’aller les voir ce qui me prend beaucoup de temps. Par ailleurs, je suis un fidèle de la Comédie française et je vais voir toutes les pièces de la saison. J’ai bien aimé la pièce policière "Dolorès Claiborne" avec Michèle Bernier et "Arrête de pleurer Pénélope".

Et les auteurs que vous appréciez ?

André Degaine : Yasmina Reza qui a écrit avec "Art" un chef d’œuvre mais fait maintenant des adaptations de récits. J’aime bien Jean-Marie Besset, Eric-Emmanuel Schmidt, Joël Jouanneau. Mais je regrette des auteurs comme Anouilh, Salacrou, Achard qui sont un peu au purgatoire.

Quelle serait la solution ?

André Degaine : Je préconise la création du "TNR" le théâtre national du répertoire qui remettrait au goût de jour le théâtre français.

Vos projets ?

André Degaine : Je prépare un nouveau livre "Etrangetés théâtrales" qui rassemblera des éléments qui ne trouvaient pas à s’insérer dans mes précédents ouvrages. Mais il est trop tôt pour en parler.

 

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Crédits photos : David


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