Trashcan Sinatras (Stephen Douglas à la batterie, Francis Reader à
la guitare acoustique et aux vocals, Paul Livingstone et John Douglas à
la guitare et Davy Hughes à la basse) est un des meilleurs groupes écossais
qui, depuis 1989, n'ont jamais déçu ni la critique ni leurs fans
bien que mal connus en Europe. La sortie prochaine, et attendue, d'un nouvel
album "Weightlifting", après sept
ans de silence leur permettra de renouer le dialogue avec leur public et aussi,espérons-le,
de trouver un meilleur réseau de distribution pour les voir en live à
Paris.
En attendant, John, Stephen et Paul ont accepté de satisfaire à
notre curiosité en répondant, par mail, à notre interview.
Quand et comment est né le groupe ?
John : C'était à la fin des années 80 à
Irvine dans le Ayrshire en Ecosse. Il a fallu une année environ pour
trouver la composition définitive du groupe avec Franck, John, Paul et
Stephen. C'était le résultat de nos désirs, de nos ambitions
et de nos savoir faire qui a rendu tout cela possible.
Nous étions une bande assez speedée, avec de petits coups
de chance et créant de petits chefs d’oeuvre. L'arrivée
de Mr Davy Hughes a calmé les esprits et nous nous sommes épanouis
dans cette formation de quintet.
D'ou vient ce nom de Trash Can Sinatras ?
John : Frank et Davy ont jeté ces trois mots ensemble et se
sont rendu compte qu'ils sonnaient bien.
Quels étaient vos backgrounds dans la musique ?
Stephen : J'avais joué dans deux autres groupes, les deux ne
s'étant produits qu'une fois en live. Le premier jouait des reprises
des "Jesus and Mary Chain" et dans le second, je jouais de la basse
avec quelqu'un qui est devenu gardien de prison. Le premier groupe de Paul jouait
des reprises des "Smiths", de "David Bowie" et des "Beatles"
et il y avait une basse qui jouait tout en slap dans un style assez funk. John
jouait dans un modeste groupe acoustique influencé par "Everything
but the girl," le chanteur a maintenant un job haut placé à
la Bundesbank. Le groupe de Davy avait le meilleur nom de tous : "The Galloping
Gunshot Boys" et jouait du rockabilly.
Davy était chanteur au début des Trash Cans, épaulé
par Franck à la basse en lunettes de soleil et George McDaid à
la guitare pour gaucher. On a échangé les instruments avec le
temps mais notre formation actuelle semble être la meilleure.
Souvent, les chroniqueurs, mais aussi vos fans, ne trouvent pas de références
musicales évidentes au travers de vos chansons. Comment expliquez vous
cela ?
John : Je pense que c'est normal car quand nous composons nos chansons,
si quelque chose nous parait trop familier ou sonne "dans le style de"
nous avons tendance à tout remettre à plat et à reprendre
de zéro. Ce qui peut expliquer en partie pourquoi nous sommes si peu
prolifiques.
Comment caractériseriez vous votre musique ?
Stephen : A travers les années, nous avons été
étiquetés pop, soulful, punk, rock, indé, et tout un fatras
de trucs intermédiaires mais aucun n'est vraiment correct. "Weightlifting",
notre album en cours de préparation) étant émotionnellement
plus direct que bon nombre de nos précédents enregistrements,
je dirais que c'est de la soul du Ayrshire.
Les Trash Can Sinatras n’ont jamais pu être accusé d'être
le groupe le plus prolifique. Pourquoi seulement 3 albums en 15 ans ?
Paul : En fait c'est plutôt 3 albums en 8 ans (de 1988 à
1996) et puis 7 ans (et le compteur tourne encore) pour le nouveau, "Weighlifting".
Ca nous prend très longtemps à cause de notre exigence de qualité
et nous avons placé le seuil ridiculement haut. Nous ne pouvons pas sortir
quoi que ce soit qui ne nous plaise pas complètement.
Beaucoup pensent que vous avez probablement écrit quelques une des
plus grandes chansons pop de ces dernières années. Comment se
fait il que vous n'ayez pas eu plus de succès ?
Paul : J'aimerais bien le savoir. Le succès dans le business
de la musique c'est essentiellement une question de chance. Ca dépend
du sens du vent
Pensez vous être arrivé 10 ans trop tôt ?
Paul : 10 ans trop tôt ou 10 ans trop tard, nous n'avons jamais
été forts question ponctualité.
Depuis votre dernier concert en France (au Bataclan en 1996) vous avez
joué quelques dates au Japon, aux USA, et quelques unes en Angleterre
et maintenant vous ne jouez plus qu'en Ecosse. Pensez vous que vous n'avez pas
assez de public en dehors du Royaume Uni ?
Stephen : Nous savons qu'il y a des fans au Japon et aux USA car nos
disques ont bénéficié d'une bonne promotion là bas
et nous avons bien tourné. Mais, à ma connaissance, notre musique
n'a jamais été correctement distribuée en Europe alors
il est assez difficile de savoir si nous y avons des fans. La France est le
seul pays d'Europe continentale dans lequel nous ayons joué (Le festival
des inrockuptibles et la tournée de Lloyd Cole) et le public a semblé
nous apprécier, tant mieux, c'est bon signe.
Il s'avère presque impossible de trouver vos albums en France. En
est-il de même partout ailleurs ? Pensez vous ressortir vos 3 premiers
disques, par exemple en coffret avec quelques chansons supplémentaires
?
Stephen : Un label japonais a ressorti "Cake" il y a quelques
années avec les faces B des singles. Les 3 premiers albums restent difficile
à trouver mais nous essayons de les rendre à nouveau plus disponible.
En ce qui concerne les chansons inédites, nous avons fouillé nos
archives pour sortir la compilation "Zebra of the family". Ce CD est
disponible auprès de notre site web (www.trashcansinatras.com)
et il contient des démos de presque toutes nos anciennes chansons et
quelques trucs que nous n'avions encore jamais sortir.
Vous êtes actuellement est studio pour terminer votre nouvel album
"Weightlifting". Pourquoi un délai aussi long après
"A Happy Pocket" ?
Stephen : Après "A happy pocket" notre maison de disques
a disparu et nous nous sommes retrouvés complètement abandonnés.
Finalement nous avons fait faillite et avons perdu notre maison chérie,
notre studio d'enregistrement "Shabby Road Studios". C'était
assez traumatisant pour nous et je crois que cela s'est traduit par l'impossibilité
d'écrire aucune chanson. Depuis, nous avons repris petit à petit
confiance en nous et ce nouvel album "Weighlifting" est la meilleure
chose que nous avons jamais faite !
Pouvez vous nous parler un peu de ce nouvel album ? Comment l'avez vous
écrit ? Où avez-vouis puisé l'inspiration?Comment sonne
t il ?
John : Il est magnifique. Nous l'avons écrit pendant les 7 dernières
années. Tout ce qu'il s'est passé pendant ces années est
la source d'inspiration ... les séparations, les maisons qui s'éffritent,
la vue sur sur Kilmarnock, les crimes inexpliqués, les mauvaises habitudes
combattues et écartées, la beauté des collines, les hommes
et les femmes... la complexité et la simplicité de la vie...
Avez vous un label pour sortir ce nouveau disque et sera t il suivi d'une
tournée et d'une bonne campagne promotionnelle ?
John : Pour le moment nous n'avons aucun label pour la France ni pour
le reste de l'Europe. Nous démarchons actuellement les labels pour leur
proposer des licenses pour vendre notre album, selon l'impression que l'on aura
du label et de la qualité de son travail et de leur motivation envers
notre musique. D'ailleurs je voudrais profiter de l'opportunité de cette
question pour demander aux labels qui seraient intéressés par
notre groupe de nous contacter,par l'intermédiaire de notre site web,
ou bien si des fans ont des idées et peuvent nous recommander un label
qui pourrait nous convenir qu'ils nous contactent également. Nous souhaiterions
pouvoir tourner avec notre nouvel album et faire découvrir aux gens notre
"trésor".
Pensez vous que les médias seront plus à votre écoute
du fait du succès de nombreux groupes écossais ces derniers temps
?
John : J'en sais absolument rien. Les médias sont les créatures
les plus étranges que Dieu ait créé sur cette terre. Ils
peuvent encenser le plus petit truc et reléguer dans des abimes les choses
les meilleures.
Que pensez de tous ces autres groupes écossais qui ont du succès
(Arab Strap, Mogwai, Belle and Sebastian)
?
John : Je pense que ce pays produit de nombreux artistes de qualité.
Parmi mes préférés je citerais : The Sensational Alex Harvey
Band, The Blue Nile, Momus, The Proclaimers, Nyah Fearties, Mike Scott, Brian
Robertson, Jack Bruce, Arab Strap, Malcolm Middleton, The Delgados , Eddi Reader,
John McGeoch, John Martyn, Angus Young, David Byrne, Jimi Hendrix (Ecossais
d'honneur), Belle and Sebastian, The Cocteau Twins et notre père à
tous...Robert Burns.
Que ressentez vous quand vous jouez en live ?
John : Je me sens nerveux et excité en même temps. Fier
de ma musique, du fait qu'elle puisse attirer une foule aussi diverse et passionnée,
et puis soucieux de réussir à jouer suffisamment bien pour combler
son attente. Les meilleurs soirs sont quand nous sommes complètement
noyés dans la musique... et ça arrive finalement assez souvent.
Si vous deviez résumer votre musique en 3 mots, quels seraient ils
?
Paul : Involontaire, Intrinsèque, Chevaleresque.
Quand reviendrez vous jouer à Paris ?
Paul : Nous avions eu un accueil fantastique quand nous étions
venu en France alors... dès que possible. Et "possible" fait
partie de notre nom.
Un dernier mot ?
Paul : Je voudrais dire un grand merci à tous nos fans pour
leur loyauté, leur patience et leurs encouragements. On se reverra bientôt!
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