L’année Rembrandt (1606-1669) s’achève par la présentation d’une collection exceptionnelle à l'Institut Néerlandais sous le titre "Rembrandt ...bouquet final".

Les 75 dessins exposés proviennent tous du cabinet d’Estampes du musée de Berlin (Berliner Kupferstichkabinett). Ces dessins, fragiles, sortent rarement de leur antre. Après son passage à l’Institut néerlandais, ils feront une halte à Amsterdam puis retrouveront, de nouveau, Berlin.

Ce sont, pour la majorité des feuilles d’études de Rembrandt. Des personnages, beaucoup de personnages : la "Saskia", le portrait de son épouse en fiancée, en premier lieu, croquis élaboré à la pointe d’argent sur parchemin. L’exposition a pris soin de traduire l’inscription posée par le peintre sur le parchemin : "Ceci a été dessiné d’après ma femme, alors qu’elle avait 21 ans, trois jours après nos fiançailles, le 8 juin 1633".

La pointe d’argent, ce matériau très dur qui ne peut subir de corrections, n’a été utilisée qu’à trois reprises par Rembrandt. La finesse des traits montre toute la dextérité du maître flamand. Ou les personnages, à demi nus du "Bain de Suzanne" à la pierre noire (matériau le plus utilisé par Rembrandt) et craie blanche tout d’abord, puis à la sanguine par la suite. Le maître planche sur l’expression de ses personnages. Il y a peu de traits et ils transmettent pourtant toute l’émotion.

Ces croquis ne sont pas signés, car, pour Rembrandt, ils n’étaient pas destinés au marché de l’art mais bel et bien à l’amélioration et à la perfectibilité de son travail. Et toute la recherche de l’Histoire de l’Art sur Rembrandt repose, depuis quelques années sur la recherche d’attribution des œuvres et c’est là la particularité de cette exposition. 25 de ces dessins, auparavant considérés de la main du maître (pour certains jusqu’en 2006), sont aujourd’hui (re)attribués à ses nombreux élèves.

Dans le hall d’entrée de l’exposition, on retrouve ainsi Karel von Savoy (1622-1654), l’un des élèves les plus connus de Rembrandt ou Gerbrand van der Eeckhout.

Une conservatrice confie que Rembrandt était très original dans sa manière de travailler. Il n’utilisait pas forcément les croquis pour ses peintures. Mais, dans le cours de son travail, s'il n’était point satisfait d’une figure, il se mettait au croquis. C’est pour cette raison qu’il y a beaucoup d’esquisses de personnages seuls. Ses balades sont sa deuxième source d’inspiration. Il prenait probablement à cette occasion un carnet d’esquisse avec lui et figeait l’instant.

C’est le Rembrandt travailleur et perfectionniste qui est donc exposé à l’Institut Néerlandais. Son talent n’en parait que plus grand.