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Interview  (Paris)  2 février 2007

Dans le cadre de L'année Lagarce, Jean-Charles Mouveaux, comédien, metteur en scène et directeur artistique de la Compagnie L'équipe de nuit, propose 4 spectacles qui sont à l'affiche du Théâtre du Marais avec "Retour à la citadelle" et trois textes, "Le voyage à La Haye", "Le bain" et "L'apprentissage" regroupés sous le titre "Trois récits".

Rencontre avec un homme passionné de théâtre, un amoureux des textes et un metteur en scène modeste, tout en étant ferme et déterminé, qui s'est lancé sur un chemin exigeant et qu'il faudra suivre avec attention.

Nous nous rencontrons à l'occasion de quatre textes de Jean-Luc Lagarce que vous mettez en scène, "Le voyage à La Haye", "Le bain" et "L'apprentissage" réunis sous le titre "Trois récits" et "Retour à la citadelle" que vous mettez en scène et qui sont à l'affiche du Théâtre du Marais. Comment votre itinéraire professionnel a-t-il croisé le chemin de Jean-Luc Lagarce ?

Jean-Charles Mouveaux : Je suis dans le théâtre depuis peu de temps, depuis 4 ans. Je travaillais auparavant dans le cinéma d'animation. J'ai commencé comme dessinateur pour finir réalisateur notamment de films publicitaires et j'ai participé à des séries télévisées et à un long métrage. Parallèlement je faisais du théâtre. Avec Lucien Vargoz nous avons monté un théâtre de toute pièce à Vienne à partir d'un local vide. Je m'occupais de tout ce qui était graphique et décor. J'ai commencé à jouer avec Lucien d'abord de manière occasionnelle puis de manière habituelle. Cela me prenait de plus en plus de temps et je commençais à y réfléchir de plus en plus. Et comme je n'étais pas satisfait de ce que je faisais pour la télé j'ai fait un choix.

Je suis venu à Paris à l'occasion d'un contrat avec TF1 et j'ai tenté les cours Florent. Je suis rentré en deuxième année directement et j'y suis resté deux ans. Pour les auditions d'entrée au cours Florent je cherchais désespérément des textes d'auteurs contemporains. Et j'ai vu un spectacle de Philippe Delaigue de la comédie de Valence qui s’appelait "Juste la fin du monde" de Jean-Luc Lagarce. Ce fût une rencontre édifiante. Le thèmes, la langue, l'écriture, ont résonné très loin et très vite en moi. A la fin du mois j'avais lu l'intégrale de Lagarce et je suis rentré au cours Florent avec "Le voyage à La Haye". En travaux de fin d'études j'ai monté "Le pays lointain" dans sa version quasi intégrale.

Au cours Florent se font des rencontres et avec Esther Ebo et Mélissa Drigeard nous voulions monter une compagnie. C’est devenu la Compagnie l’Equipe de Nuit et j'ai proposé de monter la version courte du pays lointain. Très vite ce projet s’est étendu à 3 pièces de Lagarce qui sont pour moi les plus représentatives de sa thématique et de son écriture, les éléments symptomatiques et récurrents. Nous avons commencé par "Juste la fin du monde" qui s'est jouée 80 fois au Théâtre du Marais en 2005 et puis actuellement "Trois récits" et "Retour à la citadelle".

Comment aborde-t-on un auteur aussi singulier que Jean-Luc Lagarce ?

Jean-Charles Mouveaux : Pour moi, il y a une résonance affective avec les textes de Lagarce. Mais ce qui me fascine c'est l'écriture. Quand on lit ses textes à voix haute, c'est une mécanique implacable, c'est drôle, un théâtre sans temps, non psychologique. Il faut jouer très vite car la pensée est écrite, et il faut dire le texte, un texte qu'il faut avoir en bouche et donc des comédiens qui ont une bonne articulation. Je n'ai pas connu Lagarce mais aujourd'hui après avoir lu et relu ses textes, j'ai aujourd’hui l'impression de l'avoir rencontré.

La programmation de vos spectacles au Théâtre du Marais résulte-t-elle d’une simple et heureuse coïncidence avec l'année Lagarce ou est-ce lié ?

Jean-Charles Mouveaux : C'est complètement connecté avec l'année Lagarce. J'ai rencontré François Berreur et Jacques Peigné qui sont les instigateurs de cet événement avec Monique Dupont et la Compagnie des Intempestifs. Je les ai rencontré en juin 2006 et notre projet leur a plu car il y avait trois pièces, plus les lectures et une rencontre avec François Berreur. Voilà comment nous avons été estampillé "Année Lagarce".

Comment avez-vous choisi la distribution de ces spectacles ? Les comédiens font-ils partie de la compagnie que vous avez créée ?

Jean-Charles Mouveaux : Non, il n'y a aucun comédien qui appartient à la Compagnie L'équipe de nuit non pas qu'il s'agisse d'une volonté délibérée mais cela donne beaucoup plus de souplesse pour monter les projets et la fidélisation peut être triste pour un comédien qui ne se retrouve pas retenu dans la distribution. Et puis nous n'avons pas les moyens d'entretenir une troupe. Je connaissais déjà la quasi totalité de acteurs qui sont tous des anciens de Florent. Cela étant j'ai mis quelques mois à composer la distribution car il faut trouver les bonnes personnalités.

Mireille Herbstmeyer était d’ailleurs dans la première distribution de "Retour à la citadelle" où elle devait jouer la femme du gouverneur mais les représentations de "La cantatrice chauve" ne lui ont pas permis de continuer. Mais ce furent des jours extraordinaires avec bienveillance et beaucoup de sympathie et je nourris d'ailleurs le secret espoir de retravailler un jour avec elle.

Nous sommes une très petite structure qui a bénéficié du soutien de l'ADAMI pour ces spectacles. La ligne éditoriale de la compagnie est de monter des poètes exigeant un véritable d'acte de jeu des acteurs. J’aime pour ma part beaucoup les acteurs. Donc nous nous orientons vers des auteurs comme Lagarce, Mrozek, Thomas Bernhardt. Un théâtre contemporain exigeant d'un maîtrise de la parole.

Quelles sont les difficultés essentielles auxquelles se trouvent confronté le metteur en scène des textes de Lagarce ?

Jean-Charles Mouveaux : La difficulté essentielle, mais quand on l'a éprouvé une fois comme ce fut mon cas avec "Juste la fin du monde", elle perd de son importance, tient au fait qu’il y a toujours des structures un peu étranges, pas de respect de la règle des trois unités, tout est un peu nébuleux. Il faut faire des choix et se raconter des histoires. Dans les textes de Lagarce, entre deux scènes il y a toujours 3 points de suspension entre parenthèses mais jamais d'indication du genre didascalie.

Mais ces points de suspension veulent dire que c'est à chacun de voir ce qu'il veut. Cela donne une énorme liberté et simultanément cette liberté fait peur. C'est un peu déroutant. Il y a aussi une question de temporalité qui pose un problème de lisibilité. Cela passe aussi par la prise en charge de la parole, je parle de l'élocution c'est-à-dire le faire entendre le texte. Si on s'appuie sur le texte la solution vient du travail. Ainsi petite anecdote, nous butions sur un passage de "Retour à la citadelle" jusqu'à la veille de la représentation faute de piste. Et c'est en déjeunant avec François Berreur et la troupe de la pièce, en discutant, que la solution a vu jour.

Jean-Luc Lagarce n'a laissé aucune indication, aucune note sur la manière de monter ses pièces en dehors de didascalies formelles ?

Jean-Charles Mouveaux : A priori non. Son journal qui va être prochainement publié sera peut être révélateur sur ce point. Cela étant l'absence de notes est aussi source de liberté et c'est de manière intuitive qu'on ressent si on trahit un auteur.

Quels sont vos prochains projets ?

Jean-Charles Mouveaux : Un de nos prochains projets est "Un heureux événement" de Mrozek qui sera mis en scène par Esther Ebo. Jeanne Arènes qui joue dans "Retour à la citadelle" va s'attaquer à un Feydeau "Mais ne te promène donc pas toute nue" de manière tout à fait intéressante. Pour ma part, je vais monter une pièce de Thomas Bernhardt et peut être deux : "La force de l'habitude" et "Perturbations" qui est un long monologue.

Cette interview avait commencé en off avec nos impressions sur la première d'une pièce à laquelle nous assistions tous deux, donc terminons-la sur le comédien et le metteur en scène spectateur. Allez-vous au théâtre ?

Jean-Charles Mouveaux : Oui, beaucoup. Je suis abonné de plusieurs théâtres comme le Théâtre de la Colline et le Théâtre de la Bastille. Je vais aussi voir mes amis comédiens quand ils jouent. Voir le travail des autres est toujours enrichissant ainsi que les différentes écoles prônées par ceux qui sont devenus des cadors. J'ai trouvé formidable "Les barbares" dans une mise en scène d’Eric Lacascade au Théâtre de la Colline. Cela me fait rêver. J’ai aimé aussi "Chaise" d’Edward Bond mis en scène par Alain Françon.

Vous évoquiez les écoles. Où vous situez-vous dans la polémique metteur en scène au service d'un texte/texte au service d’un metteur en scène ?

Jean-Charles Mouveaux : Personnellement je suis assez respectueux des textes. Cela étant je ne suis pas quelqu'un de très formel dans le travail. Je n'ai pas de grandes idées ou théories préalables même s’il y a un long travail de préparation autour du texte. Je travaille avec des gens et les choses arrivent au fur et à mesure. Pour "Retour à la citadelle" j'ai commencé à travailler avec Françoise Henry, la scénographe, travail qui a été fort réussi car le décor sert absolument la langue de Lagarce avec ses circonvolutions, un décor labyrinthique avec ses impasses, ses ouvertures, ses différents niveaux. Et puis avec les comédiens.

A une époque, je pensais que la mise en scène n'existait pas et que le mot "metteur en scène" était un peu pompeux. Je suis revenu sur cela car je pense que la mise en scène est nécessaire pour assurer une cohérence et trancher les points de divergence. Je travaille avec le texte dans une main et les comédiens dans l'autre. Ce n'est pas pour rien que je vais vers des auteurs que je considère comme des poètes. Comme Olivier Py. J'ai d'ailleurs commencé à travailler un de ses textes "Théâtre" ça fait rêver.

Si on choisit de tels textes ce n'est pas pour se servir. Le texte est tellement fort et présent que si vous le traitez mal c'est le mur assuré. Donc metteur en scène oui j'en accepte le titre mais en même temps c'est de l'auto adoubement. Mon rôle, après avoir réuni tous les éléments à leur juste place, texte, acteurs, éclairagistes, musiciens, scénographe, est de faire avancer tout le monde ensemble.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique du spectacle "Retour à la citadelle"
La chronique du spectacle "Le voyage à La Haye"

En savoir plus :

Le site officiel de la Compagnie L'équipe de nuit


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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

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"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
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"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

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"Painkiller" au Théâtre de la Colline
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"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

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"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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