Comédie dramatique d'Eugène Ionesco, mise en scène de Jean-Luc Lagarce, avec Olivier Achard, François Berreur (ou Christophe Garcia), Emmanuelle Brunschwig, Jean-Louis Grinfeld, Mireille Herbstmeyer et
Elizabeth Mazev (ou Marie-Paule Sirvent).
Dans le cadre de l’hommage rendu à l’auteur et metteur en scène Jean-Luc Lagarce tout au long de l’année 2007 consacrée au cinquentenaire de sa naissance, le Théâtre de l’Athénée a pris l’excellente initiative de présenter une reprise de "La cantatrice chauve" dans sa mise en scène originale avec la même distribution et la même équipe technique que lors de sa création en 1991.
Initiative excellente car ce spectacle est d'une drôlerie et d'une intelligence rares. En effet, Jean-Luc Lagarce ne se contente pas de respecter le texte d’Ionesco, fidélité qui va jusqu’à évoquer les différentes fins écrites par l’auteur, les comédiens expliquant ce qu’elles pourraient être, texte qui vise à la parodie du théâtre, de tous les registres théâtraux du vaudeville au théâtre distancié, et à l’image dérisoire de l’homme, et de mettre en scène le chaos que celui-ci organise à partir de la déconstruction du langage et de l'interchangeabilité des personnages..
A cela, et ce n’était déjà pas rien, Jean-Luc Lagarce superpose d’autres niveaux de jeu, jeu de l’amour, jeu de théâtre, jeu de double, jeu de miroir, jeu de mots avec l’idée d’un sous-texte sexuel mais aussi jeu avec le public. Ce qui donne à ce spectacle une richesse infinie que les comédiens, tous remarquables, se délectent à transmettre au public. Rien n'est laissé au hasard et tout de l’éclairage à la gestuelle, des costumes à la musique, est porteur de sens.
Ainsi, dans un décor très coloré de carton pâte, entre cartoon et hyperréalisme, deux couples symétriques sont entraînés dans une dérive tragico-comique, une danse burlesque effrénée, sous la houlette de la bonne acoquinée au capitaine des pompiers et tout s’achève dans la confusion... mais ce n’est que du théâtre !
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