Vingt heures passées de quelques minutes. A peine sortie de table et confortablement lovée devant son téléviseur, la ménagère du huitième avale paisiblement le journal de Claire Chazal et ses rengaines habituelles. Avant de zapper sur France 3 pour le téléfilm du samedi. Une folle soirée en perspective ...
À quelques encablures de là, micro autour du cou, c’est le moment que choisit Simon des Klaxons, pour se lancer dans un raid au milieu du public. Et de faire voler en éclat les délimitations savamment établies jusque là entre les spectateurs par deux douzaines d’intraitables molosses.
Apogée d’un showcase au Virgin Mégastore des Champs aux allures de répétition générale avant le lancement d’une conséquente tournée européenne. Efficace, frais, spontané …
En provenance d’Angleterre évidemment. Voilà le scoop de cette journée : Klaxons sera le groupe de l’année 2007. En quelques mois seulement, les londoniens ont totalement anesthésié la concurrence en la renvoyant à son niveau. Rayon nains de jardin. A l’instar des Arctic Monkeys l’an passé.
Mais pourquoi un tel engouement ? Pourquoi une telle unanimité autour de ces jeunes gens ? Etrange sentiment que de sortir séduit par une prestation, à bien des égards, imparfaite. Tentatives d’explications. Quarante minutes plus tôt, les clients pressés traversaient encore indifféremment le hall du Virgin des Champs. Puis le trio, augmenté d’un batteur très Jesus & Mary Chain, fit son apparition.
On attendait des joggings fluos, des lumières chamarrées, des gosses surexcités ... Rien de tout ça en réalité. De couleurs sombres, leurs fringues restent d’une banalité affligeante. Les éclairages font cheap. Passés les hurlements de bienvenue, un calme navrant envahit les premiers rangs. Pour parachever le tableau, l’acoustique de l’endroit s’avère absolument déplorable. Pas brillant comme début … Bon alors, les Klaxons bêtes de scène ? Chaque jour un peu plus …Même s’ils rament actuellement loin derrière leurs compatriotes de Forward Russia ou encore The Automatic.
Cependant, un potentiel énorme se dessine, à peine enfouit, prêt à jaillir ! L’actuelle formation timide et hésitante ne manquera pas de se muer durant les prochains mois en une redoutable machine de guerre prête à enflammer les festivals estivaux. Une question de pratique en somme. Et les chansons dans l’histoire ? Elles demeurent sans conteste le principal atout du groupe.
Leur approche totalement déstructurée, éloignée des schémas mélodiques classiques, amène un peu de fraîcheur dans le paysage actuel. Tout comme des influences lorgnant vers la fin des années 80 : grunge naissant et scène de Madchester à l’avant-garde. D’où cette impression de relative nouveauté. Concernant les compositions, d’importantes similitudes existent dans la construction des titres : intro de basse crade ou attaque de clavier hyper aiguë.
Dans le premier cas, on citera "Forgotten Works" et surtout "Gravity’s Rainbow" porté par un riff apocalyptique. Dans l’autre, "Atlantis to Interzone" et ses sirènes hurlantes déchirant le plafond semble la plus parfaite illustration. Pourtant, les sales gosses savent aussi faire dans le tube pop imparable : "Golden Skans", idéale pour calmer le jeu entre deux pogos. A force d’enchaîner les tubes ("As Above So Below" ou encore "Magick"), le public finit par sortir de sa torpeur jusqu’au final sus cité. Quel dommage que le son n’ait pas été à la hauteur …
Voilà, c’en est fini pour Klaxons aujourd’hui. Les prévoyants ont déjà pris rendez-vous dans cinq semaines pour un Trabendo d’ores et déjà complet. Sans tambour ni trompettes. Pouet. Pouet. |