Peter Wilson à quoi rêve-t-il caché derrière ses dreadlocks. Son double de scène, Duke Special, passe en rotation sur NRJ, fait le tour du monde pour défendre son premier album, Songs to the deep forest, et le public semble heureux.
Et pour tout dire, Duke Special est un newcomer de choix passé au travers des mailles du filet marketing, une sorte de spermatozoïde artistique ayant réussi à trouver l’ovocyte avant les rockers. Le genre qui passe la ligne d’arrivée d’une courte tête, en citant gaiement Cole Porter, Gerschwin, Harry Nilsson et Rufus Wainwright. Quoi qu’il en soit, avec Peter Jackson, la sélection génétique a du souci à se faire.
Car Songs from the deep forest, contient à la fois l’énergie punk et la mélancolie des ballades au piano, seul le samedi soir le nez plongé dans son Baileys. A y regarder de plus près, Peter Wilson fait peur avec ses crossover, mi-dread mi-lads anglais, sur son piano en bois d’un autre temps. L’œil possédé, concentré sur ses accords de piano sortis de la série Ally Mc Beal.
Pourtant, la réalité musicale est surprenante, tant le bonheur en barre contenu sur l’album est communicatif. Un peu de Dresden Dolls sur "Everybody wants a little something", du Rufus Wainwright sur "Slip of a girl", les titres s’enchaînent avec le piano en guise de colonne vertébrale, solide, discrète. Câble de connexion vers le monde de Peter Wilson, fou amoureux des grandes productions 60’ et 70’ avec Spector ou Bacharach en chef d’orchestre. Le temps des chansons innocentes qui ne jugeaient pas au nombre de clics sur tel ou titre d’une page myspace.
C’est donc un parfum d’intemporalité qui flotte sur cet album, avec un hymne taillé pour la beuverie poétique Irlandaise ("Freewheel"), une autre pour les embardées romantiques seul au piano (le sublime "No cover up") ou la chanson remplie d’espoir, avec des papillons dans le larynx ("Last night I nearly died"). L’Irlandais s’amuse à brouiller les pistes en réunissant toutes les chapelles, sur fond de jazz, de rock, de booggie et de pop. Un clone réussi de Robbie Williams, qui aurait dépassé - et de loin - l’original, dans la conquête du public avec des singles pop de qualité.
“This could be my last day” chante Duke Special sur le dernier titre. Vrai ou faux, le pianiste a su en l’espace d’un album rivaliser avec le meilleur du gros Elton et surtout atomiser Billy Joel et l’ensemble des pianistes crooner d’outre-Manche.
En un claquement de dreads. |