Tout au long de ma vie de mélomane, je me suis toujours méfié de "l’album si attendu de machin ou truc qui avait pété la baraque avec son premier disque"… Trop de souvenirs de galettes achetées avec excitation chez le marchand pour au final de la frustration ultime face à la platine : trop peu de disque de la trempe et du calibre d’un In Utero et trop d’albums tiédasses à la Be Here Now…
D’autant plus que Bloc Party a un profil de groupe à décevoir… A ce sujet j’ai un ami qui résume bien la situation : "Bloc Party ? Les singles et Basta…" Pour sûr, Silent Alarm reste un album plus qu’honnête mais qui avait laissé sur sa faim bon nombre de gens qui s’étaient retrouvés scotchés par les guitares ravageuses des simples "Helicopter" ou "She’s Hearing Voices".
Et puis il y a avait eu ces concerts où n’ayons pas peur des mots on se faisait carrément chier. A la Boule Noire et au Zénith, je me suis surpris en train de regarder ma montre. Pas pour ne pas louper le dernier RER, juste parce que j’avais envie que ça se termine. Pour finir, il y avait eu cet album de remixes dispensables qui sentaient plus le tiroir caisse qu’autre chose…
A Week End In The City sera donc à classer dans la catégorie Be Here Now… Pourtant on sent bien que Kélé et ses potes se sont appliqués, qu’ils ont cherché à faire du bon boulot. Ils auraient pu nous ressortir une vague resucée post punk de Silent Alarm. Mais le groupe a essayé d’élargir ses horizons musicaux : les arrangements divers perlent tout au long du disque (beaucoup de synthés "curiens" de ci, de là un peu de violon).
Le travail sur la rythmique a été particulièrement soigné : le batteur se démène comme un beau diable pour faire sonner sa batterie comme une beat box et pour tenter de rehausser des morceaux qui sentent au final un peu trop le réchauffé. Car au delà des bonnes intentions, Bloc Party tire toujours sur les bonnes mêmes vieilles ficelles.
Malgré toute son efficacité, "Hunting For Witches" est du déjà entendu… On se laisse encore avoir sur quelques morceaux efficaces : "The Prayer", premier single qui fera sans doute danser les filles. "Uniform", sauvé de sa relative banalité par un coup de maître du batteur qui sort un plan à la Talk Talk / Hood aérien et inspiré, tandis que Kelé enfonce des portes ouvertes sur l’ennui des kids en cet début de millénaires (nous aussi on y avait eu droit avec la génération X et le désenchantement du grunge…). "On" est un jolie bluette joliment arrangée avec de beaux violons. La deuxième moitié de l’album sombre dans une relative banalité…
Je ne me fais pas de soucis pour Kélé et sa bande : les kids du monde entier vont allégrement guincher sur les quelques tubes de ce disque et Bloc Party va encore remplir les salles à guichet fermé. Quelqu’un à la date de sortie du prochain Arctic Monkeys qu’on rigole un peu ? |