Monologue tiré du roman de Vincent Delecroix, adapté et mis en scène par Marcel Bluwal avec Michel Aumont.
Un vieux philosophe, bougon et atrabilaire, se retrouve "A la porte" de son appartement, malencontreusement enfermé dehors, et nous entraîne dans ses réflexions et divagations métaphysiques à partir de sa recherche d’une solution, et notamment du double de ses clés, pour regagner son logis.
Erudit, imbu de lui-même et de ses convictions d’esthète, il fustige les travers de son époque, brosse une belle galerie de portraits de ses proches et à la déambulation physique se joint, entre conscience et déraison, une divagation délirante de l’esprit où tout se bouscule, se télescope.
D’emballements en résignation, de fustigations en fausses aménités, le vieil homme navigue entre désespoir furieux et ironie noire. Et puis son accoutrement, méphisto aux pieds, costume tirebouchonné enfilé sur une veste de pyjama, et la narration au présent de sa rencontre avec son père mort depuis des lustres commencent à semer le doute dans notre esprit quant à la santé du sien.
On ne saura déterminer dans quel espace temps ni quand quel lieu il vitupère. A la porte de la vie sans doute.
Marcel Bluwal a été bien inspiré en réalisant cette adaptation jubilatoire du roman de Vincent Delecroix, parabole complexe au texte riche et brillant, à l’intention de Michel Aumont, au sommet de son art.
Dans une scénographie épurée basée sur les lumières, ce rôle ambigu et profondément humain lui permet d’explorer toute la palette des sentiments et des émotions dans la mise en scène à la fois charnelle et invisible de Marcel Bluwal.
Une performance d’acteur qui, si besoin encore était, révèle un comédien fascinant. |