Tragédie d'après Plutarque, Shakespeare et le 21ème siècle, écrite et mise en scène par Jean-François Mariotti avec Thibaut Corrion, Amandine Gaymard, Frédéric Jessua, Clémentine Marmey, Lee Fou Messica et Thibault Sommain.
Avec "Coriolan 22-04", Jean-François Mariotti propose une "relecture d'une gabegie républicaine à la lumière du paysage politique et social contemporain", avec la référence patente aux prochaines élections présidentielles françaises, qu’il a inscrit dans le registre du "péplum anachronique".
Péplum puisqu’il nous entraîne dans les temps primitifs de la toute jeune République romaine, qui s’est construite sur l’asservissement ou l’éradication des peuplades insoumises, sur les traces de Coriolan, général qui après avoir sauvé la cité romaine se voit refuser l’accès au consulat par le peuple versatile et pactise alors avec les ennemis de Rome.
Mais la manipulation du peuple par essence versatile, l’opportunisme politique des classes dirigeantes, la lutte des factions, la compromission des idéologies et la faiblesse structurelle des démocraties constituent des thèmes pérennes.
Dans cette intemporelle fresque politico-poético-burlesque, Jean-François Mariotti trempe sa plume dans une encre éclairée et caustique, particulièrement bienvenue en ces temps plutôt mous et consensuels, qui, entre tragédie et satire politique, navigue entre plusieurs registres et dresse une galerie de portraits magistraux dans la démesure et le pathétique.
Il signe une mise en scène tout aussi éclectique, entre symbolisme distancié et réalisme fellinien qui fait la part belle aux compositions d’acteur. Avec des comédiens au diapason dont les prestations doivent être soulignées et notamment celles de Thibault Corrion en Coriolan extatique, Lee-Fou Messica qui incarne une Camille toute en subtilités, et Frédéric Jessua en superbe voix du peuple médiatique. |