A l’ouverture des portes, le Bataclan n'est pas bondé mais il se remplira au fil des minutes, même si l'étage n'est ouvert qu'aux VIP (qui d'ailleurs se contentent parfois de siroter leur Kro avec le petit peuple dans la fosse).
Pour patienter, At the close of every day, une première partie sympathique mais légèrement soporifique pour un petit set mélange de American Music Club et Will Oldham qui s’achève sur un morceau plus rythmé joué en hommage à 16 Horsepower.
Car oui, c'est bien à Sixteen Horsepower qu'appartient cette soirée ... nous attendons le concert de l'année. Cette tournée à travers l'Europe, qui suit la sortie de leur compilation Olden, se déroule avec la formation originelle en trio David Eugene Edwards, Jean Yves Tola et Pascal Humbert, seuls présent sur scène ce soir, basse (et contrebasse), batterie, et DEE à la voix, à la guitare et au bandonéon ...
Une tournée emblématique pour célébrer le son des 16 Horsepower et dix ans de carrière, pour écarter les rumeurs de séparation et confirmer que leurs side-projects, Woven hand et Lilium, n'étaient que les avatars de leur créativité, pour prouver que le temps n'avait érodé ni leur talent ni leur envie de jouer ensemble.
Trois accords de guitare et le son de 16 Horsepower jaillit. Le set commence avec "Strong man" avec DEE seul à la guitare, rejoint ensuite par la contrebasse et la batterie pour une montée en puissance instantanée. Enchaînement sur le fidèle "Horse head" et c’est parti pour 1h30 totalement folle et fougueuse pendant laquelle la tension ne redescendra même pas vraiment lors de superbes ballades.
Pas toujours bien adaptée, la salle du Bataclan s’avère cette fois ci parfaite pour le trio. Les éclairages souvent indigents sont ici très travaillés et des lumières douces et opalescentes nimbent les musiciens. Tandis que DEE scotché comme à l’accoutumé sur sa chaise, les bras et les jambes agités parfois de soubresauts, Pascal Humbert s'active tant sur sa contrebasse en se secouant en tous sens que sur sa basse en faisant de grands mouvements en direction du public, comme pour projeter les notes vers nous, tout en assénant à ses cordes un traitement de choc.
Jean Yves Tola, plus en retrait avec sa batterie, semblait lui aussi prendre beaucoup de plaisir à jouer, souriant souvent à DEE qui s’est levé à plusieurs reprises au début du concert pour défoncer son ampli à coups de pieds.... un problème technique a priori non perceptible dans la salle mais qui nécessitera quand même un changement de matériel.
Du rythme endiablé de "Slow guilt trot" et "American wheeze" à la complainte de "Prison shoe romp" ou de "Phyllis ruth", ils ne laisseront pas un instant de répit à notre attention et à notre oreille. Leurs secrets, de longues intros pour nous immerger dans leur univers et la voix de DEE pour nous captiver, une musique irradiante à fleur de peau et d’âme, du talent en un mot.
Un premier rappel électrisant avec "South pensylvania waltz" et "Brimstone rock" et un superbe deuxième rappel avec en solo, DEE avec son banjo pour une superbe reprise d'un morceau traditionnel, un "Dead run" époustouflant pour finir par un très épuré "For heaven's sake".
Thank you for clapping ?…Chapeau bas les sixteen !