Comédie dramatique d'Eugene O'Neill, mise en scène de Laurent Terzieff avec Laurent Terzieff et Claude Aufaure.
La nuit dans un hôtel, le résident de la chambre 412 récupère sa clé et adresse la parole au nouveau veilleur de nuit qui remplace le précédent, "Hughie", tout juste enterré. Et il parle, il parle alors que le veilleur nuit est fatigué et a mal aux pieds. De quoi parle la chambre 412, cet affabulateur, flambeur à la petite semaine qui vit d'expédients ? De lui et de son défunt témoin.
Eugene O'Neill explore le désespoir des gens ordinaires, loosers inéluctables, avec une écriture d'une simplicité et d'un pessimisme redoutables. On ne vit jamais qu'à côté de l'autre et des autres, chacun enfermé dans sa solitude existentielle et pourtant l'individu n'existe que dans le regard de l'autre.
La pièce se présente sous forme d'un vrai faux dialogue, monologue exprimé pour l'un, monologue sous forme de didascalies pour l'autre, exercice dont la difficulté et la force sont ici transcendées par les extraordinaires incarnations des comédiens.
Celui qui n'est que l'ombre de lui-même à la recherche de l'Autre, cet autre qui lui reflètera son image seule signe qu'il est encore en vie et condition de sa survie, c’est Laurent Terzieff, comédien admirable, visage émacié, silhouette filiforme, regard habité. L'Autre enfermé dans ses propres fantasmes c'est Claude Aufaure, comédien remarquable, qui dé-joue le texte.
Un très grand moment de théâtre. |