Dans le cadre du 11ème Festival de l'imaginaire consacré aux musiques traditionnelles du monde, le Point Ephémère accueille du 8 mars au 1er avril 2007 une exposition d'art contemporain intitulée "Sexy Souks" conçue et réalisée par Anwad Esber et Cécile Pélissier qui propose "un regard sur un certain imaginaire érotique - de l'art populaire à la création contemporaine".
Anwad Esber a été interpellé par la découverte, dans les ruelles des vieux souks de Damas, à quelques pas du haut lieu de pèlerinage musulman qu'est la grande Mosquée des Omeyyades, de l'existence d'échoppes commercialisant de la lingerie extrêmement suggestive, identique à la lingerie "spécialisée" des sex shops européens, créée par des hommes et vendues à une clientèle essentiellement féminine pour leur usage personnel ou pour l'intégrer dans le trousseau de leurs filles.
De jeunes artistes originaires du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord ont été sollicitées pour donner leur vision de cet imaginaire érotique dans la culture arabo-musulmane.
Sont présentées des œuvres crées spécialement pour cette exposition par des artistes femmes qui pour la quasi totalité ne vivent plus dans leur pays d'origine mais en Europe et particulièrement en France.
Plasticiennes, peintres, photographe, vidéaste, leur regard est fortement imprégné de la dualité qui règne dans la société de leur pays entre le dedans et le dehors, appliqué à tous les champs de représentation, entre l'ambiguité de la sacralisation apparente de la femme voilée et la réalité quotidienne où l'intime est placé sous la tyrannie pornographique du plaisir masculin .
Constat sur le paradoxe avec la série de clichés "Angel Lady" de Reine Mahfouz, comme celui montrant une couturière non voilée près d'une femme voilée qui assemble un ensemble affriolant sur un mannequin en bois, dont les deux visages portent la même expression absente.
La femme au corps objet
L'utilisation des sous vêtements flottant au vent comme étendards, à l'instar des drapeaux qui pavoisent toutes les villes syriennes, dans "In/out" de Zoulikha Bouadellah ou montés en "Marionnette" par Buthayna Ali insistent sur la dépendance du corps de la femme orientale.
Une femme considérée uniquement dans corporéité avec le lit nuptial "Al hana" de Rana Salam avec un néon clinquant reproduisant le mot "halal" symbole de pureté de la chair humaine d'autant qu'il est vulgarisé par son apposition sur les boucheries.
La femme libre dans sa tête
Quand le corps caché est mis à nu dans des atours affriolants pour l'érotisme masculin, la tête restée symboliquement voilée.
Car la femme demeure libre de ses pensées, dernier rempart dans lequel le pouvoir masculin ne doit pas trouver à s'infiltrer.
Ainsi, dans le très iconoclaste "Great syrian nude" de Lamia Ziade dans lequel une femme voilée, aux tétons et sexe apparents qui fume à côté d'une représentation phallique de la mosquée ou le détournement humoristique des Trois grâces qui, sous le pinceau de Majida Khattari, deviennent "Les trois garces", proches de l'iconographie SM.
Une exposition intéressante donc pour le regard occidental. |