15h39.
Pfff, encore 4 bonnes heures à attendre, c’est trop long. Impossible de se concentrer et encore moins de travailler. Ce concert, en plus de l’attendre depuis des mois (depuis leur fabuleuse prestation à Rock en Seine en 2005), il a fallu bastonner pour choper une place. Mais ça y est, c’est ce soir qu’on va pouvoir contempler les grandes lettres rouges sur la façade de la "salle mythique de l’Olympia" (oui l’Olympia ne peut pas être "juste" une salle, c’est une salle "mythique", c’est comme ça). Exit Laurent Gerra en néon rouge, ce soir, on lira ARCADE FIRE ! Putain la classe !
19h15.
C’est l’heure de plier les gaules, direction Opéra. Damned, la station est fermée. ça sera donc Havre Caumartin à la place. Bref, on s’en fout, le tout c’est d’arriver.
19h40.
Rue Caumartin. Des hôtels 3 étoiles et des restaus. Alors que l’excitation monte un peu plus à chaque pas, je remarque un jeune couple attablé, en train de se faire, tranquillou, une entrecôte. Une question s’impose. Y’aurait-il des gens à Paris, ce soir, qui ne courent pas désespérément vers la salle de Gilbert Bécaud pour assister au concert immanquable des canadiens accordéonistes ?! Est-il possible de ne pas être "aware" de l’événement incroyable qui est sur le point de se produire ce soir, à quelques pas d’ici ?! Ah les inconscients…
19h44.
"Allo, ouais, c’est moi ! T’es où ? Ok. Bah moi j’y déjà suis là. Je t’attends devant à côté du kiosque. Olala, c’est trop beau Arcade Fire écrit en rouge comme ça ! Magne."
En attendant, c’est le moment de se griller une clope avant de rentrer. L’Olympia comme bon nombre de salles de spectacles parisiennes, a décidé d’anticiper d’une année, l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics. Il s’avéra que le public, bien que n’étant pas d’une nature super rebelle (bah oui, c’est pas un concert de Motörhead non plus), montrera sa désapprobation en se fumant autant de clopes qu’il lui semblera bon de fumer, levant ainsi symboliquement, mais bien haut son majeur devant cette nouvelle forme de privation de liberté.
19h55.
Une pinte à la main, nous voilà parées, au 3ème rang, juste derrière le mec le plus grand de l’univers. Les lumières s‘éteignent, les 4 filles d’Electrelane s’emparent de la scène.
Verity, Emma, Mia et Ros impressionnent immédiatement. Elles maîtrisent la musique tout autant que la scène. Les Riot Girls réussissent sans peine à faire bouger les têtes, grâce, quasi exclusivement aux morceaux de leur nouvel album. Du post-punk agrémenté de quelques montées instrumentales, orchestrées avant tout par la charmante guitariste. Elle finira d’ailleurs le set allongée sur sa guitare, sur son immense ampli, sortant ainsi des sons aigus quasi extra-terrestres.
L’Olympia est ébloui et c’est logiquement qu’il rend la pareille par un tonnerre d’applaudissements en clôture de show. Une 1ère partie convaincante et cohérente avec le reste de la soirée. Autour de nous, tout le monde s’accorde à dire que c’était beaucoup trop court et que "pour des gonzesses elles déchirent grave, mais bon la bassiste elle est quand même super moche"… voilà pour la remarque macho constructive de la soirée…
20h35.
Ça joue des coudes au bar.
20h45.
Evidemment on a perdu nos places tout devant. Alors on se cale plus au milieu, un peu plus loin, juste derrière le frère jumeau du mec le plus grand de l’univers. Avant que le grand spectacle commence, on observe en détail le décor ainsi que les instruments déjà présents sur scène. Des guitares, des claviers mais aussi des violons, une vielle à roue, des mégaphones, des cuivres, une contrebasse et un orgue d'église à l’allure très solennel. Autour du velours rouge, des néons prêts à dévoiler leurs secrets lumineux.
21h15.
La lumière tombe. (criiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii). Tout le monde se met sur la pointe des pieds pour voir arriver le groupe sur scène. Mais surprise ! Arcade Fire fait son entrée par une porte située sur le côté droit de la fosse. (re-criiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii). Ils entament, au milieu d’une foule aux anges, un "Wake Up" en version acoustique (donc). L’ensemble de la foule participe aux chœurs, incroyable communion entre plus de 2000 personnes. Un tel effet semble logique, de la part d’un groupe qui a enregistré son dernier album dans une église.
De retour sur scène, Win Butler entame "Black Mirror", "1, 2, 3, le miroir noir", démarrant ainsi le set officiel. Lui est plus charismatique que jamais, la salle est totalement acquise en seulement 2 morceaux. De nombreux titres du dernier album s’enchaînent, dont le trippant "No Cars Go" (on aurait préféré qu’il le garde pour la fin ou pour le rappel mais bon…). Régine Chassagne prend ensuite le micro pour offrir, à nous petits français, une nouvelle surprise, avec "Poupée de Cire, Poupée de Son". Grâce à la fabuleuse et particulière orchestration que seuls cette dizaine de musiciens sait produire, Arcade Fire redonne une deuxième jeunesse à ce titre.
Suivent toujours du dernier opus, "My Body is in A Cage", sublime et intense en version live, "Neon Bible" visuellement accompagnés d’immenses néons en forme de bible (forcément) ou de vidéos (style baigneuses des années 20) en toile de fond (de scène). Les instruments sont régulièrement échangés, tout naturellement, Régine passe de la batterie, au mégaphone en passant par l’accordéon, Win de l’orgue à la guitare… Il faut suivre. Le nouvel album aura été joué dans son entièreté, soutenu par une audience plus qu’enthousiaste.
Mais force est de constater que ce sont les morceaux du 1er album Funeral qui sont le point d’orgue (ahah) de la soirée. Sûrement parce qu’ils ont bien sûr été déjà largement digérés par le public, mais surtout parce que ces titres ont quand même plus la banane. "Rebellion" (Lies) ou la série des Neighborhood rendent le public complètement dingue, chacun y allant, toute gorge déployée, de son "whooooohooooo hoooooohoooo hooooo hoooo hoooo". C’est quand même bien pensé ces chœurs que tout le monde peut chanter juste !
22h35.
C’est l’heure du "on vous fait croire qu’on s’en va mais en fait vous savez bien qu’on revient". Le rappel donc. "Neighborhood 2" (Laika) suivi de près par "Power Out". Le public est totalement insatiable et bien entendu en redemande.
22h50
Bataille veine. Les lumières se rallument et l’ambiance se teinte d’une légère tristesse car indéniablement, c’est la fin (enfin c’est ce qu’on croit… les plus opiniâtres auront été récompensés en assistant, devant un Olympia à moitié vide, à un 2ème rappel improvisé avec "Backseat").
En prenant le chemin de la sortie, on entend les commentaires fuser. Des superlatifs en veux-tu en voilà, "énormissme", "génialissime", des avis définitifs aussi "c’est LE concert de l’année, c’est clair", "ils sont vraiment excellents sur scène, l’ampleur que prennent les morceaux, c’est incroyable, c’est les seuls à savoir faire un truc pareil."… finalement, aucun mécontent n’aura été recensé ce soir.
22h55.
Le blouson est sur le dos, le sourire est sur les lèvres. Aucun bémol ce soir, aucun regret non plus, à part peut-être celui de ne pas avoir de billet pour le soir suivant. Un concert complètement jubilatoire, au delà de toutes attentes. Et pour les quelques 2000 personnes qui ont participé à cette grande messe païenne, la chance de pouvoir dire des années plus tard "J’y étais !". ! Putain la classe ! |