Nommer son album Sans me forcer, lorsqu’on s’appelle Le Comte de Fourques, c’est déjà quelque part entre l’hérésie et l’héroïsme. Aller plus loin en le signant dans une maison de disques, c’est carrément l’aventure.
Car le Comte de Fourques signe avec ce premier album un brûlot quasi punk dans le genre ; pas de mélodies et pas de voix, et pourtant signé. La mélodie en 2007, prend d’étranges postures.
Sur la chanson éponyme, "Sans me forcer", il faut bien avouer qu’on nage en pleine démagogie, on se vautre dans le moyen, sur la base d’une histoire qui vante les mérites du non-effort, tout pour finir sur la phrase suivante, Et comme dirait ma concierge/Quel talent. Hum. En dépit du charme et du dandysme clairement affichés sur la cover, en dépit de la sympathie qu’impose le personnage, de sa bonhommie, son coté rock, on reste sur sa faim.
Histoire d’être sincère, il faut bien reconnaître que "Le bonheur est nocturne" est un parfait single, porté par un orgue ragga du meilleur cru, jouant autant sur le ska que la pop, pouvant parfaitement s’insérer dans une playlist sans avoir à en rougir. On pense à Cali, qui a incité le Comte de Fourques à sortir ce premier album, on pense à cette même insouciance, cette fausse naïveté. On pense aussi au fait qu’un bon single ne suffit pas à publier un bon album.
Sans me forcer est un peu facile. Sorte de condensé de tout ce qui s’est fait dans les années 00, avant 2007 en tout cas. La palme de la démagogie revenant à ce titre, "A bicyclette", vantant le monde sans voitures, un monde où tout le monde circulerait en vélo. Un monde parfait décrit par le Comte de Fourques avec une maladresse évidente dans le texte, un petit klaxon de vélo à 01.50.
C’est assez désagréable, cette nouvelle scène française trentenaire qui semble avoir abandonné ses idéaux pour s’adonner à la facilité, comme s’il fallait finalement, après plusieurs tentatives, se ranger à l’idéologie du plus grand nombre. Et ce même si l’on est comte.
L’inconsistance des paroles ("Le monde des hommes/n’est pas fait pour tous les homme", ce genre) gâche les bonnes mélodies qui surnagent comme des rescapés d’un crash aérien dans la mer froide. C'est-à-dire difficilement. Il manque de la cohérence, car à trop hésiter entre le rock énervé, la pop simple, le reggae et la chanson française, les couleurs se mélangent, et des titres bien placés comme "Pluie acide", avec ses accords aventureux, se perdent également dans la masse.
Peut-être que c’est elle, la masse, qui est ici visée. Objectif atteint. Le comte est bon. |