Sur
les premiers accords de "Imperial" qui ouvre
l'album du même nom de Robin Guthrie, on identifie immédiatement
ce son si familier des Cocteau twins. Mais au bout de 1 minute du même
accord répété, il faut se rendre a l'évidence, rien
d'autre ne vient troubler la quiétude de ce morceau, pas plus la voix
de Liz Frazer que la basse de Simon Raymonde.
On se dit que "vraiment c'est dommage" et la surprise passée,
on découvre enfin (3 minutes après la première note) un
début de mélodie égrenée à la guitare. Cette
guitare magique de Robin Guthrie branchée sur des racks d'expander et
autres instruments électroniques qui sortent ce son spécifique
aux Cocteau... euh à Robin Guthrie.
Mélancolique et contemplatif, ce premier album solo de Robin Guthrie
évite les écueils "lounge" et "new age" même
si il y aura bien un esprit malfaisant à la main lourde et à l'oreille
de travers qui trouvera moyen de coller "Tera" sur une de
ces compilations de stations services, entre Era et Craig Armstrong.
Ceci étant la deuxieme moitié du disque est sensiblement différente,
les guitares de "Crossing the line" et "Into Stressa"
se font plus rock, bien que toujours aussi langoureuses et évoquent une
musique à la croisée de Slowdive et Labradford.
En tout cas si l'on regrettera toujours la séparation des Cocteau Twins,
Robin Guthrie a su construire sur leurs cendres un disque superbe et instrumental,
opération périlleuse si l'en est après avoir été
entouré par 2 voix magnifiques (Liz Frazer bien sûr mais aussi
Siobhan de Maré -ex Mono- dans son groupe Violet indiana).
Imperial n'est assurément pas un disque qui s'écoute comme un
ordinaire disque pop, ça ne se danse pas non plus. Simplement, de la
musique à ressentir et à vivre. C'est un voyage organisé
avec Robin au volant du bus. Que dis je un bus, un avion, un planeur majestueux
dans un ciel bleu au dessus d'une mer de glace ou bien, au choix selon votre
humeur, dans un ciel orangé et orageux au dessus d'un océan d'un
bleu profond. |