En octobre, nous avions rencontrés Bertrand Louis, impatient de monter sur scène et de partir en tournée pour trouver le public, son public - même s'il s'agit d'une petite niche disait-il - et nous indiquait une orientation nettement plus rock sur scène que sur l'album.
A l’espace Kiron, avec trois dates pour de vrais concerts solo, accompagné par sa meute, Sébastien Buffet à la batterie, Jérome Perrin à la basse et Xavier Bornens à la trompette, claviers et autres, il nous a offert une belle concrétisation scénique de cette annonce.
Auteur compositeur interprète, Bertrand Louis prouve qu’il a suffisamment d’énergie et de talents pour s’affranchir des premières parties. Résolument rock, sa nonchalance paresseuse et sa voix pas si blanche que cela font mouche. Mine de rien, il séduit avec de vrais et beaux textes qui font leur chemin et nous emmène nous promener dans le monde et dans son univers poétique.
Le long de la grande route, on voyage dans son pays où "la nuit qui se déhanche, remue et devient blanche", dans son quartier, jusque dans la chambre géométrique de ses trente ans ("que j’aime tes babillages de vingt ans/quand tu bois mes trente ans d’âge inconsciemment... si on s’accroche encore un instant/demain sera fait d’hier"), pour rencontrer l'amour pression et ses femmes félines, de la chatte ("et j'aime quand elle s'endort ronronnant qu'elle est à moi/je me désarme alors/elle est maître de moi") à Brenda ("on devrait s’isoler moi et toi/dans un coin sombre où il fait clair/je te ferais voir un peu ma bourgeoisie/qui vivra verra ce qu’on deviendra/ tu vois bien qu’au point où j’en suis je n’ai qu’à le mettre sur les i").
Assurément, il a un beau brin de plume, qui rappelle à l'évidence celle de Gainsbourg, rien de moins, mais ils ne sont pas bien nombreux dans ce registre où le maniement de la langue française se combine avec l'art de la mélodie, pour transcrire une palette d'émotions et un kaléidoscope musical.
Autodérision et humour ne sont pas absents : "L'éloge de la paresse" placée judicieusement à mi-concert "parce qu'on est un peu fatigués", il s’offre le luxe de chanter a cappela le premier couplet de "La machine célibataire" après le vigoureux rock rappé du "chien" et ravit l'auditoire avec un tonitruant et festif "Voisin voisine".
Et avec "Je bégaye", c’est sur un clin d’œil à la nouvelle chanson française qu'il sort de scène.
Pour paraphraser Loopkin, c'est vraiment dommage que vous ne soyez pas venu...
mais Bertrand Louis sera le 11 décembre à l'Elysée Montmartre
! Ne le perdez pas ni de vue ni de l'oreille !