Surabondance de concerts ou intérêt décroissant des fans, toujours est-il que le beau Brett n’a guère rassemblé les foules lors de sa récente venue à Paris.
Venu défendre son premier album solo, notre homme avait pourtant opté pour une salle de taille raisonnable : le Nouveau Casino. Lequel affichait largement incomplet.
Seul le noyau dur semblait avoir fait le déplacement. Qu’importe, comme au bon vieux temps, les fans hardcores trépignent tandis que les demoiselles se pâment. Grandeur et décadence néanmoins.
Après plus de dix années d’une carrière à peu près irréprochable chez Suede, le fiasco retentissant du séduisant projet avec Bernard Butler (The Tears) semble avoir quelque peu déboussolé Brett Anderson.
Et d’opter pour la case solo. En repartant de zéro, sans tambours ni trompettes.
A l’image de son look ce soir : jean bleu foncé, chemise noire sous une veste grise. Dont l’étouffante chaleur aura rapidement raison. Dans de telles conditions de proximité, il laisse apparaître au grand jour une beauté et une classe rarement atteintes.
Tel un véritable Apollon des temps modernes sur lequel les années ne semblent avoir aucun impact.
Et la musique dans tout ça ? Comme de bien entendu, la quasi totalité de son disque éponyme. Sorte de Suede édulcoré : moins immédiat, plus posé et réfléchi mais souvent fort convaincant. Mention spéciale à "Love Is Dead", "The infinite Kiss" ou encore "Colour Of The Night".
Au bout de quarante-cinq minutes, le groupe tire sa révérence. De retour seul avec une guitare sèche, Brett Anderson revisitera deux titres de Dog Man Star, le deuxième album de Suede : "The Power", en pseudo version française à la limite du supportable avant "The Wild Ones" d’un tout autre niveau.
Histoire de clore les débats en apothéose, le chanteur se voit rejoint par ses musiciens pour balancer deux méga tubes de son défunt combo : les héroïques "Trash" et "Beautiful Ones".
Au placard les poses de quadra. Oubliée l’arthrose naissante. Place au déhanché. Monté sur ressorts, comme face à des milliers de spectateurs, Brett renoue avec les prestations endiablées de la grande époque. Inutile de préciser qu’à ce stade, le Nouveau Casino exulte littéralement.
Alors, pourquoi se priver plus longtemps encore d’une reformation de Suede ? Le public n’attendrait que ça. Lui n’a jamais autant fait plaisir à voir que durant ce dernier quart d’heure. Preuve ultime de la nécessité de militer pour l’emploi des seniors ! |