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Beyond  (PIAS)  avril 2007

Le retour massif des groupes de rock importants des années 90 ( Pixies, Lemonheads, Slint et bientôt… My Bloody Valentine ??????) me plonge dans une nostalgie de bas étage. Pour un peu je me rachèterais bien des Docs Martens et une chemise de bûcheron.

Pourtant, aussi loin que je me souvienne, les années 92, 93 94 étaient des années ingrates : les boutons, pas de permis, faire ma lavette pour reconquérir Stéphanie (la blonde des chroniques précédentes), les premières cuites que l’on essaie de cacher lamentablement aux parents qui sont moins cons qu’ils en ont l’air, la déprime d’habiter dans un village pourri de sept cents habitants, le foot comme seule manière de s’intégrer, le lycée pourri rempli de cons…

Bref à bien y réfléchir, il n’y a là aucune raison de regretter ces piètres années. Et bien si, car quelques madeleines venaient rompre ce frustrant train-train : car, lycée, maison (et ouais les parisiens, nous aussi les provinciaux avions notre lot quotidien).

Déjà au lycée, il y avait les cours de philo de Monsieur Gabet. Et les cours de Philo de Monsieur Gabet, j’aurais raté ça pour rien au monde. Ce type ne pouvait être que prof de philo : crâne déplumé, couronne hirsute et bacchantes sublimes. Je me rappelle que je n’entravais pas grand chose à ses cours, mais que je faisais le maximum pour m’y intéresser. Surtout que par un heureux hasard d’emploi du temps, nous retrouvions Monsieur Gabet après le repas de midi. Et visiblement le père Gabet s’envoyait quelques canons et ses cours étaient aussi hauts en couleurs que ses joues rosées par le père Benoît de la cantoche.

Il nous racontait souvent que ce qui lui plaisait surtout en Grèce, c’était une bon demi à la terrasse d’un troquet… Attention, c’était un type super, un excellent prof, de ceux qui vous marque à vie (la preuve en est…) Un seul concept philosophique m’a vraiment marqué au cours de mes années lycéennes : les passions. J’y trouvais un intérêt particulier. La cristallisation de Stendhal me parlait beaucoup. A l’époque, je cristallisais deux choses : mes trois semaines passées avec Stéphanie… Ensuite, et surtout une poignée de disques importants.

Nous écoulions avec quelques amis un réseau de cassettes C 60 et C 90 qui circulaient dans le lycée, et voici ce que pouvaient donner les conversations :
- Devine, Jean Marc il chopé le premier Nirvana, Bleach.
- T’ain faut qu’juis file une cassette.
- Attends, William il a Goo de Sonic Youth.
- Bon j ‘ramène deux cassettes.

Donc à l’époque (pour les jeunes cons convaincus que Emule ou kazaa ont toujours existé), un album ça se méritait, il fallait compter sur la bonne volonté d’un pote, qu’il ait le temps de le copier, et surtout qu’il ait (enfin ses parents ) une bonne chaîne hi fi. Car les drames n’étaient pas rares :

-Je filerais plus de cassettes à Ludo, il y a plus de bruit de fond que de musique.
-M’en parle pas, l’album de Slint c’est du bruit de fond en continu…

En 1993, la providence viendra. D’abord parce qu’après s’être fait plaquée par Erwan, Stéphanie est ressortie avec moi. Ensuite et surtout suite à l’irruption dans mon existence d’une cassette vidéo qui est depuis entrée au panthéon des reliques de cette période dorée : 1991, The Year Punk Broke.

-Devine ?
-Quoi ?
- Christophe, il fait des copies de 1991 The Year Punk Broke.
- Nan, il peut copier les cassettes VHS ???
-Ouais, il a deux magnétoscopes.
-Ouah je ramène une cassette demain.

Je crois que je me rappellerai longtemps du matin où Christophe m’a tendu ladite VHS avec marqué grossièrement dessus : Sonic Youth, The Year Punk Broke. Cette vidéo a définitivement changé ma vie, et dans une moindre mesure, celle de ma mère qui se colletait à longueur de temps les orgies bruitistes de Sonic youth et consorts . Ca donnait en substance un peu ça :

-Ah non Julien, tu vas pas nous abrutir avec ta musique de sauvages… Je voudrais repasser en paix…
- Allez, juste un morceau…

En général et au bout de dix minutes, la partie était gagnée et je vivais pleinement mes aspiration d "’indie kid" de la middle class américaine (sauf que j’habitais en Bretagne, pas à Seattle) en faisant de la "air guitar" avec ma raquette de tennis Donnay que Marraine m’avait payée à ma grande communion…

La principale motivation de l’acquisition de cette cassette était les prestations ahurissantes de Sonic Youth… Je souffrais déjà à l’époque d’une "Sonic Youthite" aiguë toujours pas soignée. Mais un groupe présent sur cette vidéo a momentanément tempéré ma passion pour le quatuor New Yorkais.

Il s’agissait de Dinosaur Jr, groupe mené par le lymphatique Jay Mascis, qui, à l’époque, était cool car il avait déclaré que sa principale ambition était de ne pas en avoir… Le groupe restera longtemps le sujet d’âpres discussions dans la cour de récré pendant la pause clope (il fallait bien se donner un peu de contenance…).

- T’ain t’as vu le groupe Dinosaur machin, énorme …
- Ouais, mais j’ai demandé au gars du Leclerc, il a pas trouvé leurs disques dans son ordinateur.
- Pfffff Bled de cons...

Heureusement, nous étions proches des vacances de février, synonymes de ma visite annuelle en Belgique car ma maman est belge. Loin d’être une tare, même si je fis l’objet de railleries, cette escapade bruxelloise était une aubaine : là bas les magasins de disques débordaient d’albums cool qui me tendaient les bras. En plus c’était mamie qui sponsorisait les dépenses disques.

Donc je vous dis pas la jubilation quand je suis revenu au lycée avec sous le bras les albums de Sebadoh, Pavement et deux albums de Dinosaur Junior… Les cassettes ont défilé.

Après le lycée, j’ai un peu perdu de vue mes camarades audiophiles. Il y a deux ans, il y a eu une réunion des anciens élèves. J’ai revu Jean Marc, qui m’a gratifié d’un sympathique "l’homme qui a intronisé Dinosaur Jr au lycée Saint Jo".

- T’écoutes toujours Dinosaur ? lui demandai-je enthousiaste
- Nan, je suis directeur des ventes dans ma boite, pas que ça à faire…
- Ah d’accord, tiens il y a Steph là bas, avec… son mari et sa fille… Je vais reprendre trois vodka pomme…

Maintenant que je suis Parisien, cela fait trois ans, je vois tous les groupes que j’aurais dû voir à 17 ans jouer en concert. Toutes mes idoles de jeunesse reprennent du service : les Pixies (qui remplissent trois Zénith !!!!!), les Lemonheads, et puis en décembre dernier Dinosaur Jr qui se produisaient en première partie de Sonic Youth. Six morceaux torchés en 30 minutes, mais heureux. Et puis l’annonce du nouvel album Beyond avec le groupe original. Jubilation à l’idée que Lou et Jay aient enterré la hache de guerre !

Si j’avais écris ma chronique suite à la première écoute de Beyond, nul doute que celle ci eut été dithyrambique. Cette première écoute a sans doute eu un effet de cristallisation, ravivant ma vieille flamme pour Jay et sa bande, un peu comme le rameau jeté par Stendhal dans les mines de sel, ma passion gouvernant mon jugement (truc que j’aurais pu caser dans un devoir de philo, mais bon, moyen comme exemple…).

Après quelques écoutes, il faut se rendre à l’évidence : réécouter Lou, Murph, Jay sous le nom Dinosaur Jr fait plaisir. Et puis Jay est toujours aussi, habile pour faire chauffer les ficelles de sa six cordes : "Almost Ready", "Crumble", "Pick Me Up" sont de beaux exemples de sa forme. Mais bon pas de "Freak Scene" ou de "In A Jar" à l’horizon…

Malgré ses indiscutables qualités, Beyond tient plus de Hand it Over que de You’re Living All Over Me ou encore Bug. La bonne surprise est de retrouver Lou Barlow en forme sur le très réussi "Back To Your Heart". On ne l’avait pas vu aussi véloce depuis Harmacy …

J’en arrive donc aux limites de cette nostalgie. Dans ma tête j’ai toujours les images de Jay Mascis bastonnant "Freak Scene" pendant un festival belge en 92. Mais ce que j’ai vu récemment, c’est Lou et Jay avec 15 kilos en plus en décembre au zénith, rejoints par un Lee Ranaldo grisonnant et fatigué faisant du backing sur un "Little Fury Things" mou du genou.

Beyond reste donc le disque de trois quadras qui s’évertuent à jouer la même musique qu’ils jouaient à vingt cinq ans… Pour les gens qui ont grosso modo mon âge, il y aura l’effet "Rolling Stones" . Pour les gamins de dix sept ans gavés à Naast, Arctic Monkeys et SuperBus, Lou et ses potes feront figure de vieux Dinosaur… Seniors.

 

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En savoir plus :

Le site officiel de Dinosaur Jr


Julien P.         
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# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher

Beaucoup de choses à découvrir encore cette semaine en attendant la MAG#91 vendredi. Du théâtre, du cinéma, de la lecture et de la musique au programme, et toujours le replay de la MAG#90...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.

Du côté de la musique :

Bertrand Betsch en concert à la Manufacture Chanson
"Sway" de Headcharger
"Norna" de Norna
"Endorphine" de Clemix

"Spectacle Daisy the great VS Tony Visconti" de Daisy The Great
"Jamais plus" de Faut qu'ça Guinche
"New internationale" de Kit Sebastian
"Rivière" de Mirabelle Gilis
"Lost & found" de Raul Midon
"Soft Tissue" de Tindersticks
"Probably for nothing" de Two Trains Left
Nouvelle saison du Morceau Caché ! nouvel épisode "Passerelles, Partie 3"
et toujours :
"En songe, Solovoice 1" de Anne Warthmann
"Broadway rhapsody" de Cyrille Dubois & Ensemble ArteCombo
"Rachmaninoff for two" de Daniil Trifonov & Sergei Babayan
"Heart starter" de Last Temptation
"L'alto lyrique" de Loan Cazal
"Avanti" de Malice K
"Virtuosi" de Romain & Thomas Leleu
"The first exit" de Tramhaus

Au théâtre :

'La double inconstance" au Théâtre Le Lucernaire
"ADN" au Théâtre Michel

"Variations Pirandelliennes" au Théâre de Poche Montparnasse
"Dany Parmentier, gourou" au Petit Palais des Glaces
"Formica" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
"Les liaisons dangereuses" à la Comédie des Champs Elysées
"Lettres d'excuses" au Théâtre Le Lucernaire
"The loop" au Théâtre des Béliers Parisiens
"Sur tes traces" au Théâtre de La Bastille
"L'art de ne pas dire" au Théâtre Saint-George
"Belvédère" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"La longue route" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Les marchands d'étoiles" au Théâtre Le Splendid
"Rentrée 42 Bienvenue les enfants" au Théâtre Comédie Bastille
des reprises :
"Aymeric Lompret, Yolo" au Théâtre de la Renaissance
"Du bonheur de donner" au Théâtre La Scala
"Les fourberies de Scapin" au Théâtre Lepic
"Frida" à la Manufacture des Abbesses
"La parure" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Looking for Jaurès" au Théâtre Essaïon
"Pourquoi Camille ?" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Van Gogh, deux frères pour une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Glenn naissance d'un prodige" au Théâtre Montparnasse
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Gisèle Halimi, une farouche liberté" au Théâtre La Scala
"L'odeur de la guerre" au Théâtre La Scala
"Le premier sexe" au Théâtre La Scala

Du côté de la lecture :

"Histoire de la guerre en infographie" de Julien Peltier, Vincent Bernard & Laurent Touchard
"Hurlements" de Alma Katsu
"L'armée allemande 1870-1945" de Benoit Rondeau
"Le paradis des fous" de Richard Ford
et toujours :
"Les voisins" de Diane Oliver
"18 Barnfield hill" de Robert Goddard
"Histoire de l'Europe, Tome 1" de Violaine Sebillotte Cuchet
"Only lovers left alive" de Dave Wallis
"Amours manquées" de Susie Boyt
"Blackouts" de Justin Torres
"Emanciper ou contrôler" de Pascal Clerc
"Le débarquement de Provence" de Claire Miot
"Les présences imparfaites" de Youness Bousenna
"Seul restait la forêt" de Daniel Mason

Il est toujours temps d'aller au cinéma ou regarder un bon film :

nouveauté :
"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

"Gondola" de Veit Helmer
"Aventurera" de Alberto Gout
"Karmapolice" de Julien Paolini
un DVD avec "Berlin boys" de David Wnendt
"Saravah" de Pierre Barouh
"La récréation de juillet" de Pablo Cotten et Joseph Rozé
"El profesor" de Marie Alché & Benjamin Naishtat
"Six pieds sur terre" de Hakim Bensalah
"Nouveau monde" de Vincent Capello
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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