Pièce de Valère Novarina, mise en scène de Nasser Talaoubrid, avec Aline Boone, Louis Donval, Elizabeth Druhle, Perrine Forget, Sesilia Plasari, Céline Spang, Amandine Thiriet et Régis Virot.
Venir voir ce spectacle doit incontestablement résulter d’un choix éclairé. En effet, le théâtre de Valère Novarina, l’homme qui dit écrire par les oreilles, est un théâtre expérimental basé sur la déconstruction du langage, "la parole est la prison du moi", dans lequel il n'y a pas de représentation d'une action dramatique.
"Vous qui habitez le temps" participe de son oeuvre qui peut paraître pour le moins déconcertante, voire hermétique, et qui impose de s'abstraire des références classiques pour intégrer des postulats singuliers et le suivre sur les chemins erratiques de l'angoisse métaphysique liée à la recherche du sens de l'existence.
Tout cela s'inscrit dans la lignée becketienne et, d'ailleurs, le premier monologue, sur le positionnement spatial du corps, n'est pas sans évoquer "Cap au pire".
Nasser Talaoubrid a réussi à mettre en scène cet univers éclaté et kaléidoscopique en s'entourant de comédiens émérites dont il faut saluer la performance dans la transmission, de manière dite "oraculaire", dépourvue de tout affect, de divagations sémantiques, parfois fort comiques, écrites pour la plupart sous forme de monologues, qui s'inscrivent dans une recherche métaphysique du sens.
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