Lors des travaux de réfection du Musée Capitolin, un grand nombre de sculptures de la statuaire antique avaient été transportées et exposées sur le site désaffecté de l'ancienne centrale thermo-électrique Montemartini.
Ce lieu est situé dans l’ancienne zone industrielle de Rome dont les bâtiments vont être conservés pour constituer un pôle universitaire et culturel, le musée d’art contemporain MACRO Future ayant déjà commencé à investir les anciens abattoirs.
Devant le succès remporté par cette exposition, le lieu baptisé simplement Musée Centrale Montemartini a été consacré comme second site muséal du Musée Capitolin et est désormais destiné, d'une part, à la recherche scientifique et, d'autre part, à l’expérimentation scénographique avec la présentation de collection d'acquisitions récentes.
Vu de l'extérieur, le grand bâtiment en pierre, construit au début du 20ème siècle, ne ressemble pas à une construction industrielle traditionnelle.
Et, cependant, il abrite encore les machines qui ont été soigneusement conservées.
L'exposition "Les machines et les hommes" réalise une magnifique performance muséale basée sur l'anachronisme apparent de la présentation d'oeuvres de la statuaire classique dans un environnement industriel.
Mais comme les dieux triomphaient des éléments et des créatures fantastiques, ils domptent ici les monstres mécaniques qui sont devenus silencieux et dociles.
La réussite de cette exposition tient également au choix d'une scénographie très épurée, très moderne et néanmoins aux lignes classiques, qui utilise avec pertinence les grands volumes du bâtiment comme elle transforme en atouts les contraintes résultant des structures existantes et de l'emplacement des machines, et au choix des couleurs pastels puisées dans la palette du seicento.
Après le hall qui retrace l’histoire de la centrale et sa rénovation, trois salles, correspondant aux trois niveaux du bâtiment dont les éléments décoratifs Art Nouveau d'origine ont été conservés, dessine un parcours chronologique de la Rome antique au 4ème siècle après JC, de la République à l'époque impériale.
Le classicisme de la Salle des Colonnes
D'un jaune lumineux, la Salle des Colonnes, ainsi nommée car cette immense salle aveugle, qui recevait le combustible, comporte des pilastres imposants destinés à soutenir les salles des étages supérieurs dans lesquelles étaient installées les machines.
Elle regroupe de nombreux vestiges de la Nécropole de l'Esquilin et du complexe de San Lorenzo ainsi qu'une galerie de bustes illustrant l'art du portrait à la fin de la République.
A voir des sculptures assez étonnantes comme celles réalisées en pèlerin, une roche volcanique grise, qui ont été retrouvées utilisées comme matériau de construction dans une maçonnerie postérieure ou cette sculpture le "Tobago Barberini" qui porte la tête de ses ancêtres.
Une salle présente également du mobilier domestique et funéraire comportant des ornements très raffinés et précieux ainsi que des fragments de somptueuses mosaïques polychromes qui ornaient les cours privatives.
La grandeur hiératique de la Salle des Machines
Dans la Salle des Machines, de couleur bleu azur, baignée par la lumière naturelle, le visiteur est accueilli par une superbe statue d'Athena, la déesse de la sagesse et de la guerre, qui trône dans le corridor entouré de gigantesques machines noires devant lesquelles sont déposées des statues provenant du Capitole.
Une galerie de portraits de personnages illustres et des copies de statuaire grecque retrouvées dans une résidence privée, la Villa Rivaldi, et des vestiges des temples de l'Aire sacrée du Largo Argentina avec notamment des fragments d'une colossale statue féminine.
Deux statues féminines, celles d'Agrippine la jeune et la Victoire des Symmaques, sont particulièrement remarquables par leur grâce et le travail du drapé de la tunique.
Au fond de la salle est reconstitué de manière symbolique le fronton d'un temple, celui d'Apollon Sosien, représentant la bataille entre Grecs et les Amazones avec Héraclès et Thésée, qui donne un aperçu du côté monumental des édifices de l'époque.
La beauté sensuelle et la grâce irréelle de la Salle des Chaudières
Dans le vert céladon de la Salle des Chaudières, la configuration des machines dégage un vaste espace central qui a été transformé en atrium.
Elle expose, outre les vestiges de la vaste nécropole d'Ostiense, de magnifiques statues qui ornaient des résidences prestigieuses, comme celles de César ou de l’empereur Gallienus, dont la superbe statue de la muse Polymnie et la grande mosaïque polychrome avec des scènes animalières qui est posée au sol.
Les résidences privées recelaient également des pièces magnifiques d'élégance et de beauté sensuelle sur lesquelles les rayons du soleil miroitent les animant d'un souffle de vie.
Inspirée par les modèles grecques, la statuaire romaine illustre la beauté idéale.
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