Thrill Jockey…. Il y a dix ans, le label était le saint Graal de tout post-rocker qui se respectait… Tous les indie kids fatigués de courir sur les traces de Sebadoh, Pavement ou Sonic Youth avaient soudainement viré leur chanteur et recruté un deuxième bassiste…
Rapidement, le disque de chevet devint Tago Mago de Can et toute la musique répétitive allemande devenait ultra-in. Bien entendu, tout le monde y allait de son petit couplet sur "Combien Music For 18 Musicians de Steve Reich a changé ma vie"…
Bref pour ceux qui n’y étaient pas, il y a dix ans, si on voulait se la raconter un minimum, il valait mieux connaître son Tortoise , Slint ou autre Gastr Del Sol sur le bout des doigts… Mais bon, ne soyons pas cabochards, car même si ces groupes ont surtout contribué à la production à la chaîne de pléthore disques instrumentaux chiants à mourir, il y avait, en fouinant un peu une poignée de groupes dignes d’intérêt dans la masse grouillante post-rockeuse.
The Sea And Cake en faisait partie. Sorte de "post-rock all stars", la formation est constituée entre autres de Sam Prekop, John Mc Entire et Archer Prewitt. Si l’on ne présente plus Monsieur Mac Entire éminence grise du collectif Tortoise, les autres larrons ne doivent pas vous évoquer grand chose. Pourtant, cela fait un bail que les deux autres gusses traînent leurs guêtres dans diverses formations.
Prekop fut le fondateur des séminaux Shrimp Boat. En dehors de ses activités vocales chez The Sea And Cake, Prekop a également sorti deux albums impeccables et très recommandés. Pour sa part, Archer Prewitt a fait partie des Coctails, une autre formation culte de Chicago…
Everybody est le septième album des The Sea And Cake en quatorze années de carrière. Il y a dix ans, lors du tsunami post-rock, The Sea And Cake avait attiré l’attention avec son impeccable The Fawn, un album où l’on avait les pieds dans le sable à Ipanema et la tête dodelinant au rythme électro minimalistes à la Aphex Twin période Ambient Works volume 2. Une alliance improbable aussi improbable que réussie…
Depuis, Les chicagoans sont rangés dans la catégorie "docteur es pop esthétique et sophistiquée", à l’instar de leurs collègues Stereolab ou les High Llamas …Le groupe s’est même retrouvé en fond sonore d’une pub pour la Mini Cooper. Alors The Sea And Cake, musique d’ambiance pour Bourgeois Bohème en manque de crédibilité indé ? Pas vraiment.
D’ailleurs, Sur Everybody, la formule reste peu ou prou la même, principalement de jolies mélodies de pop claires, si ce n’est sur "Up On Crutches" et "Crossing Line", sur lesquels le groupe s’autorise de sages escapades dissonantes. Pour le reste du disque, on se demande toujours comment cette musique a pu être composée dans ville réputée pour son exposition au vent et aux hivers si rudes…
La pop ligne claire, les guitares légères et acidulées évoquent la nonchalance bossa nova brésiliennes, voire les guitares des griots maliens (sur l’impeccable "Exact To Me"). Les basses rondes et pneumatiques du débonnaire Eric Claridge et la frappe ahurissante du génial John Mac Entire assurent la filiation post-rock via des rythmiques piquées aux teutons (Can ou Neu en tête).
Avec tous ces ingrédients, il y a encore de grandes chances que Everybody tourne sur la platine de toute soirée pina colada, mojito qui se respecte en vue des chaudes soirées estivales qui se profilent… |