Après un retour en grâce scénique couronné de succès
l'an passé suite à l'album "Heathen" où
les errements récents ont été gommés au profit d'un
héritage du passé enfin pleinement assumé, David
Bowie se lance à l'occasion de ce Reality Tour
durant sept mois sur la route pour une interminable tournée mondiale.
Comble du bon goût, c'est au groupe pop-rock le plus excitant de la fin
du siècle dernier, les Dandy Warhols, qu'incombe la
tâche d'ouvrir chaque soirée. Malgré un quatrième
album plutôt décevant, leurs récentes prestations en mai
à Paris annonçaient une entame de soirée des plus excitantes,
au final pourtant, en demi teinte. Son déplorable, claviers écrasants
(Bercy fut, est et restera une salle inhumaine, comme une insulte à la
musique), playlist étrange mais pas géniale, manque de conviction
dans l'interprétation, le quatuor de Portland évolue en pilotage
automatique, prend le pognon et se casse, visiblement peu passionné par
l'enjeu.
On notera tout de même la succulente fin de show : "Boho",
"Loose" des Stooges avant un "Boys Better"
toujours terrassant au possible.
Setlist : Not If You Were The Last Junkie On Earth - Hard
On For Jesus - I Am Over It - Godless - You Were The Last High - Bohemian Like
You - Loose - Pete International Airport / Boys Better
Une grosse demi-heure plus tard surgit enfin celui que la salle entière
réclame, tiré à quatre épingles, affublé
d'une cravate rouge, les cheveux tombant sur le visage. Comme l'an dernier au
Zenith, le public succombe dès la pépite d'ouverture, il faut
dire pas piquée des hannetons, "The Jean Genie" en
lieu et place de "Life On Mars" .
Un petit extrait du dernier album ("New Killer Star") et
la machine repart sur "Fame" du faiblard Young Americans
de 1975 avant une surprenante relecture de "Cactus"
des Pixies et "China Girl" . La voix du dandy britannique,
toujours d'une surprenante qualité malgré les années, le
backing band discret ou efficace au moment voulu contribuent, tout comme les
vidéos projetées à l'arrière de la scène,
au bon fonctionnement du show.
L'intensité chute ensuite fortement avec quelques titres plus récents
("Hallo Spaceboy" et consorts ...) pas forcément passionnants.
Audacieuse était la relecture de "Under Pressure"
sans Freddie Mercury, mais la bassiste a su jouer dans un registre
inédit, épaulant le sieur David Jones à la perfection.
Le cadeau de la soirée sera une incroyable reprise du "White
Light/White Heat" de son ami Lou Reed du temps de sa jeunesse,
novatrice tout en étant proche de l'originale. Après un incroyable
"Ashes To Ashes" , débute le toujours sympathique
"Fashion" à la suite de laquelle le concert sombre
pour bien trop longtemps dans une faiblesse que seule "Heroes"
sauvera du néant.
Le dénouement du set se fait presque attendre quand résonnent
les accords au piano de "Changes", donnant un second souffle
au rappel. Moins éclatant est évidemment "Let's Dance"
mais le travail sera achevé en beauté à l'aide des araignées
sur "Suffragette City" et "Ziggy Stardust"
, déchaînant le public.
Enfin, s'il est possible de déplorer le parti pris "grand spectacle"
occultant parfois le fond musical, force est de reconnaître que David
Bowie est définitivement l'artiste le plus important des années
70 (période glam ou berlinoise, ou les deux) que les piètres réalisations
récentes (depuis une vingtaine d'années) ne parviennent même
pas à assombrir. |