Passé complètement à côté du premier disque de Daphné, L'Emeraude, je découvre avec délectation son second baptisé Carmin. Un p'tit buzz entoure cet album et son auteur. Y'aurait-il du nouveau à se mettre sous la dent au pays de la scène française ? Du refroidi, du réchauffé ou de la cuisine nouvelle ?
Après l'écoute de Carmin, il paraît évident qu’il est question ici d’une nouvelle étoile de la gastronomie musicale, une artiste qui manie avec art et délicatesse l'association des différents ingrédients.
Les textes sont magnifiquement ciselés, les musiques de véritables écrins pour les premiers. Daphné donne le ton dès l'ouverture de l'album avec "Musicamor" et son splendide riff de piano. La jeune artiste ne se cantonne pas à un seul registre musical ou vocal, une des forces de l'album vient de là. Sa voix est tour à tour grave, de velours, sur le fil ou perchée. Daphné est la synthèse parfaite des atouts majeurs de la chanson française. Sa voix fait parfois écho à Camille, Keren Ann voire Jane Birkin, mais elle n'est pour autant pas déflorée tant la touche personnelle est indéniable.
Des purs moments de féeries égrainent Carmin tel le somptueux "Abracadabra" et ses envolées bjorkienne. Sans tomber dans la simple copie de ses aînées, Daphné se révèle être une des plus belles révélations de l'année. La suite n'est pas mal non plus. Avec "Déclaration à celui", on se réjouit d'avoir trouvé la petite soeur française de Pierre Lapointe. Comme son confrère d'outre-Atlantique, elle allie à la perfection des textes d'une incroyable poésie à des arrangements musicaux d'une richesse simple et d'une mélancolie joyeuse.
"Mourir d'un oeil" est une des ces chansons belles à en pleurer ou à donner la chaire de poule. Que dire de plus tant cette chanson impose le silence. Le ton sait également se faire plus léger avec "Le petite navire", carrefour musical du classique et de l'électro ou plus folk comme sur "Penny Peggy" au style épuré (guitare / voix).
Vraiment Carmen est un album qu'on n'a pas envie de lâcher à court terme et dont on devine déjà l'importance à long terme. A mes yeux (et à mes oreilles), Daphné vient seconder remarquablement Pierre Lapointe au pays des artistes enchanteurs. Textes sublimes et poétiques, musiques précieuses sans être pompeuses, voici la recette parfaite de cette délicieuse galette.
Cela semble simple à condition d'avoir le coup de main et ce petit truc en plus qui transforme le bon en succulent et qui laisse ce petit goût de plaisir dans la bouche. A vous de goûter. |