D’UNKLE, on avait jusque là retenu quelques singles, dont un totalement hypnotique (Rabbit in your headlight avec Thom Yorke au chant, c’était en 1998) et un second album (Never neverland) à moitié raté. A moitié réussi donc.
De cette sensation mi-fugue mi-raison, on aurait eu tendance à conclure à l’enterrement prémédité de ce troisième album, d’autant plus que le premier single, Burn my shadows avec Ian Astbury du Cult, est purement et simplement une erreur gigantesque. Voila la SEULE chanson de l’album à ne pas être potentiellement un hit. Conclusion par déduction… War stories est un grand retour musical.
Un album de guerre, comme son nom l’indique. Car James Lavelle a déterré la hache de guerre, fini les cessez-le-feu et les pactes. Retour en grande pompes avec "Chemistry" qui ouvre le bal des monstres d’UNKLE, guitares rageuses tout droit sorties des enregistrements de KID A ou Amnesiac, mix superbes avec des violons qui glissent, instrumentale fiévreuse de toute beauté qui fait directement pâlir.
A la trentaine assumée, James Lavelle est en forme, qu’on se le dise. Et dès le second titre, on comprend que le patron de Mo’Wax ne compte pas en rester là, qu’il prend directement le projet en main, en voix plutôt, car il prend le micro (pour la première fois) pour balancer (Je ne vois pas d’autre terme) un "Hold my hand" électrique avec un talent…
Mes aieux. Voila le titre que 3D rêverait de composait en 2007 si Massive Attack n’était pas devenu un cliché 90’ pour étagères poussiéreuses.
Alors la grande force passée d’Unkle, les featurings classes avec la crème du moment, War Stories n’y coupe pas. C’est encore Josh Homme qui s’y colle sur "Restless", mais l’ombre de Lavelle est trop forte sur la production pièce montée, Josh est littéralement plaqué au second plan. Le son… Un album de production sans les tics qui font souvent dire qu’un producteur n’est pas musicien.
Quelle claque mes amis, on reste au sol pendant près d’une heure. Un seul duo donne envie d’en savoir plus ; "Keys to the kingdom" est une aventure humaine avec Gavi au chant, une lente odyssée Lovecraftienne avec une science du refrain imparable. Alors OUI, War stories comporte des guitares puissantes (et pas qu’en décibel) mais War Stories n’est pas un album de rock. C’est "juste" l’un des meilleurs albums de 2007 sur ce terrain ; l’expérimentation dansante et planante.
Passons sur "Twilight", chanté par un 3D resté bloqué sur 100th window, même si l’atmosphère morgue de Londres année 1987 peut encore tirer les larmes. Mais c’est bien "Morning Rage" qui fait sortir les Kleenex (Et pas que pour pleurer…), soit la deuxième chanson chantée par James Lavelle. Un truc…Comment dire… La lente prise en charge du corps par un groove qui dépasse l’auditeur.
Ce mec est né producteur, mais sa vocation est peut-être de devenir chanteur à part entière. La science du break, des guitares cutter et des batteries dynamiques. Tout y est.
Le plus simple serait peut-être d’arrêter l’album ici, tant on ne voit pas ce qui pourra surpasser cette incroyable mixité auditive entre expérimentation et réussite. Sur "Broken", c’est carrément là tout de suite les années 80 qui reprennent des couleurs, c’est Iam X qui rencontre Eurythmics. Je sais, c’est improbable.
War Stories est un album moderne, une incitation à la guerre civile (le sublime "Lawless") et un grand pavé dans la mare et les salmigondis qui font office d’albums en 2007. Trop fort, trop rapide pour la concurrence. Amen.
|