Comédie dramatique de Jules Renard, mise en scène de Jacques Bondoux avec Catherine Chauvière, Eric Cenat et Jacques Bondoux.
Sur la scène, un lit, bien sûr puisque "La maîtresse" de Jules Renard traite d'amour. Un lit qui devient scène non pas seulement des ébats charnels mais aussi scène de théâtre, la scène dans la scène. Et quel amour ? Oh, pas la passion ni l'empire des sens.
Un amour tiède, bien raisonnable, presque bourgeois, entre une de ces femmes qui ont choisi de se faire chichement entretenir par un vieux protecteur peu exigeant et qui décide de s'octroyer un dernier petit béguin à condition qu'il ne dérange pas son petit confort et une sorte d'artiste dilettante qui, pour "jeter sa gourme" de jeune homme en attendant l'inéluctable mariage, ne peut guère à cette époque espérer un tendron pour patienter et liquider son oedipe.
Et finalement cette liaison sans surprise revêt pour ce dernier le caractère d'une implicite éducation, sinon sentimentale du moins conjugale.
Rien de torride ni de glamour donc mais Jules Renard a la plume suffisamment déliée et l'humour effilé pour séduire le spectateur car si sur le fond est relativement intemporel, le contexte sociétal est inévitablement daté. Et puis, Jacques Bondoux a profité de l'écriture en tableaux de cette pièce, parue originellement sous forme de feuilleton, pour concocter une mise en scène "théâtralisée" des scènes à la fois douces-amères et amusantes dans lesquelles il est à la fois Cupidon, Monsieur Loyal et choryphée pour bousculer un peu l'ordre si monotone des choses.
Et Catherine Chauvière et Eric Cenat ont chaussé avec talent et finesse bottines et canotier pour rendre attachants leurs personnages.Donc c'est plutôt réussi. |