Ce qui me plaît au premier abord chez Pascal Comelade, c'est la poésie mystérieuse des titres de ses compositions. Tenez, voyez vous-même : "Encore le semi-nerf déjà claquant", "A Tombouctou sans mariachis" ou bien "Le Fakir de la chapelle" et autre "Chanson de charme pour faux-nez "
Le second facteur qui me fait aimer le Catalan, c'est son talent. A la fois rétro et résolument avant-gardiste, déglingue et carré, mélancolique et enjoué, rock'n roll et poète. Pascal Comelade compile tout cela et se contrefout des codes et des formats. Monofonicorama, Best off 205-1992… permet de porter une oreille attentive à l'œuvre de cet artiste hors norme et de se plonger (uniquement) dans treize années de création d'un total de trente deux.
Quand Pascal Comelade sort une rétrospective, il n'y va pas avec le dos de la cuillère, proposant pas moins de vingt cinq morceaux. Véritables piécettes musicales, les compositions de Comelade nous touchent autant par leur universalité que par leur singularité. Les mélodies ne nous sont pas complètement étrangères. Le Catalan est un véritable magicien de la musique, un de ces artistes discret qui préserve cette part de mystère en ne dévoilant pas le secret de ses plus beaux tours.
Orfèvre de la mélodie et des arrangements, il allie les instruments "classiques" (piano, cuivres...) à des instruments plus foutraques tels les pianos et guitare jouets ou autre kazoo. Chaque morceau est une invitation au voyage, un voyage où la musique nous guide le plus souvent sans mots ni voix, sauf sur deux morceaux. "Love too soon" et "September song" prennent une dimension supplémentaire du fait de l'interprétation pour le premier de PJ Harvey et pour le second de Robert Wyatt. On retiendra surtout "Love too soon", (titre du remarquable album L'argot du bruit) où le chant de Polly Jean est tout simplement superbe.
Les piécettes symphonique sont le plus souvent courtes (moins d'une minute pour le sublime "L'Esquella de la Torratxa") mais bigrement efficaces. Tout au long du disque, Pascal Comelade nous ballade, nous installant au coeur d'une fanfare ("L'argot du bruit" ou d'un train surréaliste ("Un train direct pour Charenton"), nous conviant à l'ombre d'un arbre en Catalogne ("Domisiladoré") ou nous offrant une boîte à musique groovy ("Pim Pam Poum al concept").
Monofonicorama, best off 2005-1992... est un disque incontournable à acquérir d'urgence, une de ces galettes qui stimule notre imaginaire et nos sens. Le seul petit regret est l'absence de la magnifique reprise de "Ma gueule" en duo avec Christophe Miossec. Mais bon, un regret pour vingt cinq satisfactions, y'a pire comme ratio, non ! |