L’édition 2007 du Festival Europavox propose sur trois soirs, à Clermont Ferrand, dans deux lieux radicalement différents, de découvrir des artistes venant de tous les pays d’Europe et aux horizons musicaux bien souvent opposés.
Premier jour de festival avec une soirée "Musique Urbaine" à la Coopérative de Mai et une affiche alléchante au Chapiteau, composée de Nosfell, Peter Von Poehl et de Polar.
Après un très bref coup d’œil sur les siciliens Moveknowledgement et l’interview des sympathiques Sixth Simfoni, nous voilà en face du reggae de l’allemand Martin Jondo. L’occasion de découvrir une poignée de titres, que Martin Jondo livre avec passion et talent. Accompagné par son Dj, l’allemand livre devant une poignée de spectateurs une prestation charmante. Que l’on aime ou pas le style particulier de Martin Jondo, on ne reste pas indifférent a ce reggae dont les influences jamaïquaines ressortent à chaque note. Voilà la le mérite d’Europavox ; réunir des groupes aux horizons parfois opposés dont le seul point commun est la qualité.
Direction le Chapiteau, privé de sa fosse pour cause d’intempéries et du sol boueux. Premier concert dans le Chapiteau avec le set de Polar. Mais c’est hélas, pris trop tard que l’on arrive, pour la fin du set du suisse. Polar ne joue pas sur la scène, préférant jouer les pieds dans la boue plutôt que sur une grande scène éloignée de son public, venu de très loin pour le voir pour certains de ses fans. Le chanteur est charismatique et seul au milieu de ce grand chapiteau appartenant au Cirque Pinder, va combler de joie ses fans et faire bonne impression aux autres.
Retour à la Coopérative de Mai pour le set des hollandais Pete Philly & Perquisite . Et là, c’est de loin la claque de la soirée. Le hip hop coulant et prenant de Pete Philly et la partie musicale des Perquisite, assuré par un saxophoniste, contrebassiste, violoncelliste et un Dj. Le résultat est bluffant et admirable, le public enchanté, et ces quelques titres comme le très bon "Grateful" de Pete Philly & Perquisite résonnent encore dans la tête pendant le voyage Coopé-Chapiteau, où l’on s’apprète à (re)découvrir sur scène l’ovni musical Nosfell.
Accompagné de son fidèle compagnon et musicien Pierre Lebourgeois, la musique de Nosfell prend toute son ampleur dans ce chapiteau qui ressemble ici plus à un marécage. Le jeu de scène interpelle (le jeu de lumière très intéressant par les cadres de couleurs) et la musique de Nosfell intimide par sa puissance rageuse. Un son ici résolument plus électrique, un jeu de scène travaillé ; Nosfell confirme sa créativité et son talent en l’espace de quelques chansons. Mais voilà, lorsqu’il commence à nous parler de son monde imaginaire, Klokochazia, des contes et des légendes, tout en en faisant des tonnes, on se dit qu’il est temps de quitter ce monde parallèle afin d’atterrir sur la planète Sixth Simfoni.
La salle est vide à notre arrivée, alors que le groupe vient de monter sur scène. Celle-ci ne tardera pas à se remplir, quelques secondes après les premières notes de violon précèdent de peu les premières paroles des deux MC. Les maltais vont alors livrer leur hip hop puissant évoquant entre autre le Wu Tang Clan. Des chansons hip hop calibrés, accompagnés d’une base musicale intéressante et de chœurs assurés par une charmante choriste. La recette Sixth Simfoni prend toute sa forme sur scène, et les deux MC, forts en charisme, n’y sont pas pour rien. Leur Ep est visité, et un avant gout de l’album est donné. Ce coup de cœur clôture la soirée en beauté, le set de Peter Von Poehl touchant à sa fin et le slam tardif d’Abd Al Malik ne plaisant peu.
Lendemain, vendredi 1er Juin : soirée rock à la Coopérative de Mai et un concert de Thomas Fersen au chapiteau, annoncé complet (impossible donc pour nous de voir le set de l’artiste francais dont la réputation scénique n’est plus à faire).
Nous arrivons donc en plein milieu du set de CatPeople : cinq espagnols, à la garde robe que l’on hésiterait presque à attribuer aux Horrors (sans le maquillage), délivrant un rock sobre et ténébreux, dans la digne lignée des new-yorkais d’Interpol. La ressemblance avec le groupe américain va meme plus loin, à en juger par le jeu de batterie, de guitare et la voix quasi identique du chanteur du quintet Adrian PD à celle de Paul Banks, frontman d’Interpol. On garde tout de même un bon souvenir du set des Catpeople, où des bons titres tels que "Mexican Life" ont séduit un public venu en masse.
Pendant ce temps, le club de la Coopé a ouvert ses portes au Mouv’ pour un set acoustique de Kaolin et d’Archive, le tout animé par l’idole des jeunes boutonneux Emilie, animatrice phare des "Filles du Mouv". Le monde se presse, les bruits courts que Archive s’apprete à jouer ; le mini concert d’Archive attire donc beaucoup de personnes, intrigués et heureux. Le groupe va se présenter sous la forme d’un duo et jouer deux titres pour la radio, dont un "Lights" où seule la voix de Pollard Berrier accompagné du synthé de Darius Keeler va faire trembler les murs du bar de la Coopérative de Mai. Le groupe quitte la petite scène sous un tonnerre d’applaudissements, après avoir répondu à quelques questions posés, avec l’intelligence qu’on lui connait, par Emilie du Mouv.
Dans la grande salle, le set de Rubik vient de commencer. Le groupe vu devant Mogwai va ici livrer une vraie démonstration de force devant un public facilement ralié à leurs causes. Les guitares vrombissent, la voix du chanteur/guitariste fait penser à certains moments à celle de Kele Okereke de Bloc Party et les chansons à la fois bruts et gelés conquièrent. Une influence noise n’a pas de mal à se découvrir à travers les chansons qui s’enchainent rapidement avec aisance et charisme. Une découverte aussi agréable que Catpeople.
Puis vient le tour des Norvégiens de 120Days. Quatre blondinets lookés comme Razorlight, jouant une électro futuriste et troublante, étonnant plutôt le public par cette dose (trop) forte d’expérimental pour cette soirée. Tous placés sur le devant de la salle (batterie également), les quatres musiciens, à grand renfort de synthés et d’effets trafiquant leurs voix, séduit une partie de la salle, dépassant totalement l’autre moitié. Malgré quelques passages intéréssants, voir très intéréssants, le set de 120Days ne marque pas : les moments d’ennuis profond prennent le dessus sur les moments de génie dansant.
L’heure tardive, la pop molle de Kaolin et le concert impossible d’accès de Thomas Fersen vont pousser à clôturer cette soirée.
Dernière journée du festival et sans doute la plus palpitante, le samedi propose d’un coté le folk de Tom McRae et le rock de Sharko, et de l’autre la soirée "Musique Electronique" à la Coopérative de Mai, dont l’affiche allèche tout autant.
Première découverte de la soirée : Erik Sumo Band. Un mélange de styles, du jazz au rock, un peu de salsa, le tout bercé par un fond d’électro. Deux chanteuses charmantes viennent poser leurs voix sur des compositions agréables, joués sur scène par un combo basse/guitare/batterie/synthé particulièrement efficace. La soirée commence en beauté, tant on est charmé par le jeu de scène des hongrois.
Petit coup d’œil sur l’électro du groupe lituanien Fusedmarc, avant de découvrir en live les belges Sharko. Après de nombreuses écoutes du dernier album en date Molecule, il était temps de voir joué sur scène les titres à la fois brut et tendre de Sharko.
Le trio monte sur la scène du Chapiteau et entame le set par "Bug" et enchainent titres du dernier opus ("Sugarboy", "Molecule", "Motels", "No Contest", "No More I Give Up") et ceux des albums précédents, comme le très bon "Excellent". Teuk Henri, guitariste discret et appliqué, Julien Paschal le batteur, et David Bartholomé, véritable leader, jouent avec le public, le faisant participer activement. Le frontman se roule par terre tout en continuant de jouer, monte dans les gradins, sur les chaises : le fauve est lâché dans le chapiteau et le public est bien plus amusé qu’apeuré. Tout le monde prend son pied, le groupe comme le public : la bonne humeur est visiblement contagieuse ! Un très bon set de 50 minutes, emmené par un trio plein de talent et d’avenir.
A la Coopé, Cirkus accompagné de Neheh Cherry clôt son set, ne nous offrant qu’une démonstration d’une dizaine de minutes seulement. Le public, en transe et nombreux, apprécie le spectacle donné par le groupe suédois. Neheh Cherry déborde de charme et de classe, descend dans la fosse chanter avec hargne sur les mélodies composés par Cirkus. Une dizaine de minutes particulièrement jouissives, qui nous attriste de ne pas en avoir vu plus. Place à Vive la Fete.
Remplaçant les danois Datarock, Vive la Fête a livré un set dansant à souhait, réputation qu’on connaissait depuis longtemps au groupe. L’ex top modèle blonde aux allures de poupée Barbie Els Pynoo arrive, dans une jupe blanche plus que courte, précédant de peu les quatre musiciens (guitare/basse/synthé/batterie) qui l’accompagnent. Et durant une bonne heure, le groupe reprend les tubes qui ont fait son succès, dans une ambiance festive : "Noir Désir", "Maquillage", "Assez" ou encore "Nuit Blanche".
Ce concert est aussi l’occasion de découvrir quelques morceaux du prochain album qui s’annonce tout aussi dansant. Danny Mommens, autre membre fondateur du groupe, prend une place importante dans le spectacle, donnant une réelle sensation de duo au niveau du chant et de la mise en scène. Un set parfait !
Hélas, le set de Tom McRae vient de terminer lorsque l’on pose le pied dans le chapiteau. Seul signe visible du concert de l’anglais : le visage radieux des spectateurs qui sortent du Chapiteau. Un brin de déception nous envahit avant de siffloter un air de Vive la Fête, qui aura donc fait office de clôture pour l’édition 2007 du festival Europavox, un festival qui nous aura fait découvrir de nombreux groupes et artistes venus de tous les coins d’Europe. On en redemande ! |