Le talent fuit-il le succès ? On est en droit de se poser la question au regard de la vague de splits qu’a récemment subi la Grande-Bretagne. D’abord aux irlandais de The Immediate, après l’ultra convaincant In Tower and Clouds et une tournée européenne copieuse, d’officialiser début mai, la mauvaise nouvelle via MySpace.
Dans la foulée, vient le tour de Larrikin Love, le même mois de mai meurtrier, de nous laisser en plan.
Le quatuor Larrikin Love - Edward Larrikin, chanteur charismatique aux traits angéliques, Mick Larkin à la guitare, Alfie Ambrose à la basse et Coz Kerrigan aux fûts - nous laisse donc orphelins avec pour seul souvenir une unique galette baptisée The Freedom Spark.
Affilié au tout aussi éphémère mouvement "Thamesbeat" (encore un truc foireux inventé par le NME, en référence au Merseybeat des 60’s, sauf que cette fois-ci les groupes sont issus du sud-ouest de Londres), qui comptait dans ses rangs, Mystery Jets, The Holloways, Jamie T, Good Shoes, Patrick Wolf, etc… Larrikin Love a su se démarquer grâce à des titres rocks excentriques et complètement déjantés.
The Freedom Spark commence par une intro planante qui ne reflète en rien l’énergie et l’originalité du reste de l’album. Le calme avant la tempête en somme. C’est avec le 2ème titre "Six Queens" qu’on rentre dans l’univers insolite de Larrikin Love. Punk à la sauce flamenco, relevé de mélodies arabisantes, le cocktail - plutôt indigeste sur papier - se révèle être d’une efficacité redoutable.
Plus original encore (si si avec Larrikin, comme avec la SNCF en son temps, c’est possible) "Edwould", les violons tziganes rencontrent le punk ska, complètement incongru mais totalement dansant. "Happy As Annie" démarre sur des notes country pour se muer en un titre punk sautillant digne d’un bon Clash. "Meet Me By The Getaway Car" pour le reggae punk ska, "At the Feet Of Rae" pour la chanson traditionnelle anglaise.
C’est évident, pour ces jeunes gens, le voyage est autant un épanouissement qu’une intarissable source d’inspiration. Quelques titres aux accents britanniques proches des Smiths ou des Libertines, "Downing Strret Kindling", "Well, Love Does Furnish A Life", rappellent quand même l’héritage anglais du groupe.
The Freedom Spark une espèce de cours des miracles en forme d’album. Un joyeux bordel complètement réjouissant, aussi bien pour son côté pimpant que pour sa réelle diversité, alors que bon nombre de groupes s’évertuent encore et encore à nous déballer les mêmes sonorités.
Le feu d’artifice Larrikin Love fut l’un des plus beaux, l’un des plus colorés et des plus fascinants, malheureusement comme tous les feux d’artifice, a trop vite explosé et trop vite disparu.
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