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Interview  (Paris)  16 juin 2007

Natalie Lamotte expose à la Galerie Artegalore ses toiles de la série "Rouge" qui s’inscrit dans le cadre d’un travail de recherche sur la forme et la couleur. Mais pas seulement.

Car cette jeune femme fine et menue se mesure physiquement, émotionnellement et intellectuellement avec des toiles de grande dimension d’où jaillissent des

Nous l’avons rencontré à la galerie pour parler de son travail et de ses projets.

Vous êtes peintre, autodidacte précisez-vous, après avoir un cursus universitaires d'arts plastiques. Alors pourquoi la peinture" et pourquoi en autodidacte ?

Natalie Lamotte : J'ai suivi une formation d'arts plastiques pour être enseignante, j'ai donc un CAPES d'arts plastiques et je suis professeur en banlieue. La peinture, parce que j'ai eu un prof qui m'a communiqué sa passion de la peinture américaine des années 50, comme De Kooning, Motherwell, Rothko. En autodidacte parce que, contrairement aux Beaux Arts, ce cursus ne comprend pas de formation pratique. Voilà comment je suis venue à la peinture. J'ai continué en venant à Paris où j'ai pu monter mon travail et rencontré des gens qui y ont cru et vendre aussi quelques toiles.

Et vous n'aviez pas eu envie d'intégrer les beaux Arts ?

Natalie Lamotte : Cela n'était pas dans ma culture car je ne suis pas d'un milieu "artistique". Le deal avec les parents c'était de suivre mon penchant mais pour avoir un métier et gagner ma vie.

Cette exposition "Rouge" à la galerie Artegalore revêt une importance particulière ?

Natalie Lamotte : Oui, tout à fait. J'ai eu l'occasion de rencontrer Guillaume Garouste et Stéphanie de Santis, qui sont agents artistiques, et avec nous avons vraiment travaillé de concert pour cette exposition qui est ma première dans une galerie. Ils suivent mon travail depuis 7 ans et donc ils m'ont proposé d'exposer dans cette galerie qu'ils dirigent et qui a ouvert tout récemment. Ce lieu est superbe car il permet d'exposer des grands formats.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre manière de peindre qui est un peu singulière ?

Natalie Lamotte : Pendant des années, j'ai travaillé de manière classique "au mur" en affrontement avec la toile. Ensuite j'ai participé à une exposition collective sur le thème du coup de foudre et j'avais une toile de grande dimension à réaliser. Or, je ne pouvais pas "entrer" dans la toile ainsi accrochée puisque je ne disposais pas d'assez d'amplitude. C'est ainsi que je l'ai posée au sol. Mais le travail au sol imposait une autre contrainte : je ne pouvais pas accéder au centre de la toile. J'ai donc lever cette difficulté en mettant de l'eau dans la peinture qui m'a permis ainsi de circuler dans la toile d'une autre manière.

Et cette nouvelle modalité technique m'a permis de travailler davantage sur la concentration. Le travail n'était plus le fruit d'une action directe mais d'une concentration suivie d'une action. Je ne fais pas d'esquisse préalable mais le travail est précédé d'une grande concentration en amont qui me permet d'emmagasiner une énergie que je déploie sur la toile ensuite. Lorsque la couleur est posée et "mouillée", je dois attendre, parfois plusieurs jours pour que l'eau s'évapore.

C'est ce qui donne ces contrastes d'épaisseur et de transparences ?

NathalieLamotte : Oui et ce qui permet un grand jeu sur les transparences qui est très intéressant et qui tend vers le côté organique.

A l'affrontement avec la couleur et la toile se joignent des phénomènes aléatoires que vous ne maîtrisez pas qui sont l'évaporation et la réaction des pigments ?

Natalie Lamotte : Oui, il y a une part de chimie dans la réalisation de la toile. C'est similaire à l'alchimie de la rencontre avec une personne. Mon rapport à la toile est de cet ordre là. Je l'analyse vraiment comme un moment de rencontre très intense.

Une rencontre avec vous même ?

Natalie Lamotte : Bien sûr. On peint ce qu'on est.

Vos toiles permettent des interprétations multiples un peu à la manière du test de Rorschart. Pour vous mais aussi de ceux qui regardent vos toiles. Vous avez beaucoup de retours en direct des spectateurs sur leur ressenti ?

Natalie Lamotte : Il y a des gens qui tombent littéralement dedans et puis ceux qui éprouvent une gêne en cherchant une image parce qu'il y a la recherche d'une représentation tangible des choses. Comme tout est toujours expliqué, les gens éprouvent de la difficulté à se laisser simplement porter par une œuvre. Ils sont toujours en attente d'une explication ou d'une analyse logique. Et, quand il n'y en a pas, ils sont désemparés. Pour ma part, je revendique le contraire. Je compare un peu ça au visionnage d'un film d'Almodovar qui me retourne et me donne de la pêche pour vivre. C'est le but que je recherche dans ma peinture. Communiquer de manière positive la violence de la vie.

Il n'y a effectivement pas d'échappatoire avec vos toiles, sans arrière plan pour noyer le poisson, si je peux dire, et puis la couleur rouge

Natalie Lamotte : Non, on se retrouve vraiment face à soi même.

On y trouve aussi des connotations sexuelles ce qui constitue aussi une source de trouble.

Natalie Lamotte : Oui, tout à fait. Quand j'ai pris conscience de cela, j'ai essayé de dissimuler ces interprétations possibles, et puis, je l'ai très vite assumé totalement. Car cela sort ainsi de moi. Et puis il y a des gens qui n'y voient que des fleurs ce qui est tout aussi étonnant. Il est vrai qu'une fleur exotique regardée dans le détail appelle vraiment des comparaisons avec le sexuel car la nature, le végétal est sexué.

Les toiles exposées sont le fruit d'un travail entrepris depuis plusieurs années.

Natalie Lamotte : Oui et je le poursuis car j'envisage vraiment la peinture sur le plan de la recherche et non pas comme une représentation aboutie. Même cette exposition constitue pour moi un espace de recherche. Je le vis ainsi; Accrocher des toiles implique une réflexion sur l'après, sur le sens de ce que je vais faire ensuite tant en termes d'orientation du travail futur que du propos. Rien n'est jamais figé.

Le postulat de départ, le rouge sur fond blanc, est-il épuisé ?

Natalie Lamotte : Non. Et j'éprouve l'envie de le travailler de manière monumentale, sur des grands formats dans lesquels on pourrait circuler. Comme je l'avais fait avec le plexiglas que j'avais installé dans un puits qui constituait un exercice imposé dans le cadre de l'exposition dans une église qui s'appelait "Les puits du désir".

Aller vers la sculpture ou l'installation ?

Natalie Lamotte : Oui. C'est une autre piste de réflexion comme j'ai travaillé pour le théâtre, il y a deux ans sur "MacBeth" et l'année dernière sur "Le tour d'écrou", avec le metteur en scène Jean-François Matignon et la Compagnie Fraction d'Avignon.

Il s'agit alors d'un travail différent qui s'apparente à l'exercice imposé qui e tributaire du lieu, du texte, du metteur en scène. Cela ne contrarie-t-il pas la liberté de création ?

Natalie Lamotte : Oui mais j'aime les challenges et j'ai aussi besoin de me confronter à des contraintes qui imposent de se dépasser.

La mise en espace de la peinture contemporaine dans des lieux datés vous inspire ?

Natalie Lamotte : Oui, j'adore. J'aime que cela circule, l'échange et la confrontation des points de vue.

Cette exposition constitue votre actualité immédiate. Parlons un peu de vos projets.

Natalie Lamotte : Cet été, je participe au premier parcours d'art contemporain aux Sables d'Olonne où j'exposerai au Palais de Justice ce qui constitue un challenge. Car ce n'est pas évident du fait des impératifs qui consistent à exposer, dans ce lieu de passage, des toiles "politiquement correctes" ce qui me "coince" un peu. A la rentrée, je serai à la Biennale d'Issy les Moulineaux où j'exposerai une grande toile.

Vous exposez souvent.

Natalie Lamotte : Il le faut pour se faire connaître et je postule pour participer à de nombreuses manifestations tous azimuts pour donner une visibilité à mon travail. Je souhaiterai également avoir l'opportunité de passer les limites de l'hexagone pour voir ce qui se passe à l'étranger même si aujourd'hui je suis déjà très contente aujourd'hui d'être exposée dans une galerie.

Cela étant, j'ai eu de la chance car j'ai croisé des gens qui ont aimé mon travail et qui m'ont donné certaines opportunités comme à la Manufacture des Oeillets où j'avais pu montrer une trentaine de toiles dans le cadre d’une exposition personnelle. Ce qui a bien sûr constitué un encouragement à continuer.

Et côté multidisciplinarité ?

Natalie Lamotte : Le théâtre est un peu en stand by pour le moment. J'ai également envie de travailler avec des ballets et je vais voir ce soir Nadj et Barcelo aux Bouffes du Nord un danseur et un artiste peintre pour voir comment cela fonctionne. Le travail avec le corps et le son m'intéresse également. Je suis dans une phase de prospective et de changement, de changement de support aussi, comme peindre sur des bâches.

Vous êtes donc tentée par la multidisciplinaire et que ce qu'on appelle l'art total ?

Natalie Lamotte : Oui, tout à fait. Mais cela implique une rencontre de personnes et ensuite une rencontre sur un projet.

Vous exercez toujours le professorat ?

Natalie Lamotte : Oui parce qu'il s'agit d'une activité très importante pour moi. A un moment j'ai pensé arrêter mais je ne peux pas le faire car je travaille avec des gamins qui sont en demande et qui me remettent en permanence en question. Et, en fait, je pense que j'y puise aussi mon énergie. J'essaie de trouver un équilibre dans ma vie entre ma vie professionnelle, ma vie de famille et ma peinture.

Avez-vous des disciples parmi vos élèves, de les former ?

Natalie Lamotte : J'essaie de leur ouvrir les yeux sur l'art contemporain car je travaille beaucoup avec le Mac Val àVitry. Avec une heure de cours par semaine par classe, je n'ai pas le temps de faire de l'histoire de l'art mais j'essaie de leur faire comprendre que la liberté existe essentiellement dans les arts qui peuvent constituer un moyen essentiel d'expression de soi. Au point de vue technique, le champ des possibles est infini. Et puis je lutte aussi sur la croyance que tout le monde peut faire de l'art. Quand des élèves dénigrent une œuvre en disant qu'ils pourraient en faire autant je les mets au pied du mur. Par ailleurs comme ce sont des gamins qui ont tendance à aller vers le sport et je leur montre que le sport, basé sur la compétition, n'est pas un domaine de liberté car on y exige des compétences et des performances. En matière artistique on est libre.

Et là, dans ce domaine, vous, vous faites ce que vous voulez ?

Natalie Lamotte : Oui. Je fais ce que je veux ! (rires)

 

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La chronique de l'exposition Rouge

En savoir plus :

Le site officiel de Natalie Lamotte


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