A la 52ème Biennale de Venise, l’inauguration d’un pavillon africain et le Lion d’or à la carrière sera décerné au photographe malien Malick Sidibé constituent deux événements qui propulsent l’art africain sur le devant de la scène artistique mondiale.
Et au cœur de polémiques récurrentes autour de "l’artafricanisme" pour lesquelles l’exposition "Africa Remix" au Centre Pompidou en 2005, l’ouverture, à Paris, du Musée du quai Branly consacré aux arts premiers et la 1ère édition de la Triennale de Luanda en 2006 avaient déjà largement alimenté les chroniques.
En effet, à part le pavillon égyptien, les pays du continent africain ne disposaient pas de pavillon à Venise et si, en 2001, s’était tenue une exposition thématique "Authentic/ Ex-centric", qui regroupaient des artistes africains, ceux-ci, généralement, ne participaient aux biennales que de manière de ponctuelle et individuelle.
En 2007, l’exposition intitulée "Check list Luanda Pop" présente un florilège d’oeuvres appartenant à Sindika Dokolo, un homme d’affaires angolais qui détient la plus importante collection privée du continent africain.
Et elle est ainsi introduite "Ces têtes que nos pères avaient courbées jusqu'à terre par la force, pensiez-vous, quand elles se relèveraient, lire l'adoration dans leurs yeux ? Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d'être vus. "
Conçue par Alpha Ouma Konaré, président de la Commission de l'Union Africaine, Simon Njami, qui fût le commissaire d’"Africa Remix", directeur de la biennale de Bamako, critique d'art et cofondateur du célèbre magazine d’art contemporain "Revue Noire", et Fernando Alvim, directeur de la Triennale de Luanda, elle relève davantage du manifeste politique et le panneau de façade composé d’une mosaïque de portraits de grandes figures essentiellement politiques annonce la couleur sans ambiguité.
Par ailleurs, elle s’affirme comme une exposition africaine d'art contemporain (et non d’art contemporain africain, ce qui déclenche la ire des intéressés) consacrée aux visions de l’Afrique.
Compte tenu de ces prequels, on y trouve des artistes confirmés (Marlène Dumas, Jean-Michel Basquiat), principalement des artistes de la diaspora africaine (Chris Ofili, Ingrid Mwangi, Oladélé Bamgboyé) et des artistes non africains (Alfredo Jaar, Andy Warhol, Miquel Barcelo).
Côté artistique, suivant la tendance générale, elle fait la part belle aux vidéos et aux installations ("Save Manhattan" de Mounir Fatmi, "How to blow up two heads at once" de Yinka Shonibare).
La peinture résiste, le tout sur fond de provocation, réflexion sur le métissage culturel et artistique et exploration de l’africanité.
Et la question fondamentale posée par le peintre Bili Bidjocka : "L’art africain pourquoi faire".
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