Après l'excellente mise en bouche de la veille, terminée par le toujours phénoménal Katerine, place aux trois jours classiques du festival, avec l'arrivée de nouveaux festivaliers pataugeant dans la boue, et une programmation sur trois scènes et le superbe espace de la Garenne dédié au théatre de rue et lieu de restauration assez intéressant.
Premier concert avec comme à l'accoutumée, les Jeunes Charrues victorieuses de l'année dernière. Et c'est donc Lugo, que l'on ne présente plus qui s'y colle, avec les trois membres du groupe postés devant d'enormes affiches à leur nom. En attendant le prochain album et après un single, ils rejouent leurs anciens titres, désormais classiques, aux paroles qui restent dans la tête et aux habituelles petites chorégraphies.
Sur la grande scène Glenmor, c'est au tour de Donavon Frankenreiter d'essayer de faire tenir le soleil, décidément capricieux pour cet étrange été. Barbe et liquette hippie, le californien propose un blues pop ponctué par des solos des différents musiciens. Original ? non pas vraiment mais pas désagréable non plus pour se caler dans le peu d'herbe qu'il reste et regarder le spectacle avant un petit détour sur la scène Xavier Grall, délaissée par le public et où pourtant de belles formations se battent pour le titre de jeune charrues.
Hijodata suivis de Mon Automatique s'y succèderont en début de journée et laisseront un joli gout de rock tonique sur la scène. Les premiers plus classiques avec une formation guitare-basse-batterie (et un chanteur quasi-sosie de Cali) tandis que les seconds se rapprochent du rock apocalyptique à la Cloup, où l'electro se mèle à un déchainement de guitare derrière des paroles déchirées. Belle experience.
Moins plaisant, le concert des Galaxie, pourtant très heureux d'avoir pu arriver à temps sur le site malgré quelques problèmes d'avion. Ca bouge, ca sonne, mais c'est au final un peu plat comparé à tout ce qu'on peut voir sur le site.
Séquence émotion avec le concert d'Ayo. Intimidée par le public (on le serait à moins), la superbe chanteuse accroche tous les regards et décline son album soul acoustique à la guitare, subtilement accompagnée par ses musiciens. Elle s'excuse presque de tenter une nouvelle chanson et finira les larmes aux yeux sur son tube Down on my knees devant un public conquis par le charme de la chanteuse et la qualité du concert.
Retour sur la scène 2 pour le concert de Jacques Higelin attendu depuis l'an dernier par ses fans, deçus de ne pas l'avoir vu participer au projet de Burger. Devant une section muscale de tout premier ordre (dont l'excellent Yann Péchin à la guitare), il retrace sans faute les grandes périodes de sa carrière avec une majorité d'anciens titres. Les très jeunes iront toutefois peut être boire une bière, faire un tour à la Garenne et reviendront pour Kaolin.
Auteurs d'une chanson multi-diffusée en radio, les auvergnats de Kaolin sont aussi et surtout amateurs d'un rock lent, atmosphérique, et plutôt noisy même si cela tend à se faire rare de nos jours. Grosses guitares, simplement interrompues le temps d'un single pour reprendre sur de longues chansons bruyantes comme on n'en entend malheureusement plus beaucoup.
Ce n'est toutefois rien en puissance par rapport à la tête d'affiche du festival, le groupe le plus attendu des groupes méconnus du grand public : Arcade Fire. Les Montréalais s'avancent sur le plateau savamment décoré et dès les deux premiers titres, parviennent à enflammer tout le lieu par la puissance dans leurs compositions et la furie qui se dégage de leur jeu : guitare, batterie, accordéon, cuivres, violons, tout y passe, et tout s'échange. Des nouveaux titres de Neon Bible aux fabuleux Neighborhood, chaque chanson est précédée d'une ronde des musiciens qui s'emparent d'un nouvel instrument (mention spéciale à Régine Chassagne à la batterie) avant de redeployer l'énergie nécessaire pour faire bouger les dizaines de milliers de festivaliers amassés devant la scène. Certainement le meilleur concert des 4 jours.
Difficile de passer derrière une telle furie, et si les étonnants Clap Your Hands Say Yeah, découverts aux Transmusicales, mixent du James et du Velvet Underground pour un résultat unique et délicieusement provocateur, cela reste par moments un peu fade par rapports aux québecois.
|