La Norvège, la Finlande et la Suède sont placées sous le fronton commun "The north is protected" depuis 1962, avec, dans un pavillon unique composé de trois espaces individualisés conçu comme une plate forme synergique de confrontation.
Pour cette 52ème Biennale de Venise, le triumvirat nordique a mandaté un commissaire non scandinave, René Block, très lié au mouvement Flexus.
Ce dernier, pour qui la Biennale de Venise est une "vanity fair" dont la devise pourrait être "Prosecco and art and prosecco" a choisi de réunir, sous le titre en forme de clin d’œil à l’image d’Epinal de la société nordique "Welfare -Fare well", 7 artistes, 5 nationaux et 2 résidents étrangers, dont le dénominateur commun est l’ancrage artistique dans la réalité quotidienne pour signifier la nécessaire relation entre l’art et la vie.
Un art conceptuel placé sous le signe d’un humour qui vient du froid.
Le pavillon se signalise de façon éclatante en ayant situé à l’extérieur, au bord de l’allée centrale, l’installation "Liberté" du norvégien Lars Ramberg constitué de trois sanisettes peintes en bleu, blanc, rouge, surmontées de la devise française et diffusant l’hymne "La Marseillaise".
Succès garanti, au moins par le biais de la polémique que cette œuvre, conçue pour l’exposition "Kiss the frog" célébrant le centenaire de l’indépendance norvégienne, a suscité.
L’artiste rappelle qu’elle constitue un avatar contemporain de la Statue de la liberté et une métaphore de la rencontre entre l’Histoire et l’individu.
Grandeur historique et toilettes publiques, voilà un beau sujet de thèse.
A l’extérieur encore, exilée dans un petit pavillon mobile en forme d’algeco, l’installation "Vietato lo sbarco" de la finlandaise Maaria Wirkkala qui travaille sur la mémoire et l’exil.
Visible de l’extérieur, les visuels en forme d’affiches publicitaires apposées sur les parois vitrées de "It would be nice to do something political" œuvre commune des norvégiennes Toril Goksoyr et Camilla Martens.
Mais y a-t-il donc quelque chose à l’intérieur ?
Certes. La Finlande est représentée par l’irakien Adel Abidin avec "Abidin travels : Welcome to Bagdad", déclinaison politico-réalistico-morbide du dépliant touristique.
Pour la Suède, l’iranien Sirous Namazi présente deux sculptures métalliques monumentales conçues à partir d’objets urbains "signifiants" un container à ordures et des portes, transposés dans la sphère artistique.
Avec son mur de jeux de fléchettes "I, the world, things, life", Jacob Dahlgren, qui se qualifie de "sampler", pratique un action painting inversé (c’est le spectateur qui agit sur l’œuvre) la duplication et le recyclage du langage esthétique de l’objet ordinaire.
L'essentiel est de bien viser ! |