Tragi-comédie de Shakespeare, mise en scène de Coralie Salonne, avec Elodie
Albert, Aurélien Bédéneau, Kristina Chaumont, Elise Chieze, Antoine Desmarais, Jonathan Hume,
Laurent Jonot, Nicolas Sorhaitz et Jean-Patrick Vieu.
Début 2007, la Compagnie de l’Incartade avait ravi le public avec "Les visionnaires", une comédie baroque atypique et peu connue de Jean Desmarets de Saint-Sorlin, dans une mise en scène exquise et virevoltante de Coralie Salonne. Six mois plus tard, elle le subjugue, toujours au Théâtre du Nord-Ouest, dans le cadre du cycle Shakespeare, avec "Périclès" qui s'avère tout simplement une éclatante et magnifique réussite.
Monter cette tragi-comédie apocryphe de Shakespeare, qui se présente comme une épopée fantastique, aux épisodes rocambolesques et aux dénouements abracadabrants, dans un registre qui se situerait entre "L'Odyssée" et "Les tribulations d'un chinois en Chine", constitue un vrai défi que Coralie Salonne a relevé avec talent et magie.
Magie car elle a su transcender cette mosaïque de registres et de sentiments, que l'auteur s'est diverti à tricoter - fantaisie, fraîcheur, poésie, tragédie, jeunesse, rire et émotion - avec l'intelligence du coeur et le sentiment de l'esprit.
Magie de la scénographie avec des décors qui se dessinent dans l’imaginaire du spectateur à partir de trois bouts de ficelles, telle la scène de la tempête, et magie de la mise en scène, de la distribution et de la direction d’acteurs qui jouent tous dans la même note avec fluidité et harmonie.
Le spectateur est donc invité à un voyage extraordinaire, dans le temps et dans l'espace, guidé par l'indispensable coryphée, le poète Gower, ici décliné en explorateur, magistralement interprété par Jean-Patrick Vieu, qui l'entraîne dans la planète shakespearienne aux côtés du prince de Tyr.
Le héros a les traits d'Aurélien Bédéneau qui incarne à merveille un Périclès elfique, prince vertueux et humaniste, qui doit affronter la mauvaise fortune pour échapper à la vengeance d'un tyran incestueux dont il a démasqué le vice.
Elodie
Albert, Antoine Desmarais,
Laurent Jonot et Nicolas Sorhaitz se distinguent par leur pluralité de rôles comme Jonathan Hume, au physique idéal de jeune premier romantique, qui jouait un amoureux crooner dans "Le journal d’Adam et Eve" au Lucernaire, et s’illustre ici, avec bonheur, dans une série de personnages comiques.
Elise Chieze, gracile, fait merveille dans l'incarnation de la pureté et Kristina Chaumont, gracieuse, dans celle de l'épouse vertueuse, révèlent la poésie du texte là où d'autres sombreraient dans la mièvrerie.
Mais brisons là sous peine de déflorer l’intrigue et ternir l’enchantement de la surprise. Car vous l'aurez sans doute compris, le bonheur se prolonge bien longtemps après que Gower, refermant le livre, nous ait souhaité de nouvelles joies.
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