Peintre, graveur, sculpteur, François Morellet figure majeure de l’abstraction géométrique et du minimalisme et créateur de l’art visuel, a appliqué le procédé photographique du blow up à onze de ses oeuvres de jeunesse réalisées en 1952.
Le petit format des toiles originelles était dû à un manque de place et d'audace. 50 ans après, la jeunesse d’esprit ne s’en est point allée et le peintre ne manque plus d’audace imaginant cet exercice qu’il définit lui-même comme excitant, dérisoire et périlleux.
Interrogation sur le regard et le sens du fragment extrait de la toile initiale, existence de la rupture rythmique dans un agrandissement, réflexion sur la temporalité et l'équivalence spatiale, tout relève d'une expérience très intellectualisée sur les perceptions sensitives.
Le fruit de cette expérimentation est exposé sous le titre "Blow-up 1952-2007, Quand j’étais petit je ne faisais pas grand" au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.
La scénographie réalisée par Didier Fiuza-Faustino et le Bureau de Mésarchitectures, est particulièrement judicieuse et ludique.
Elle permet aux petites toiles peintes sur bois avec des laques industrielles, accrochées sur des cimaises à claire-voie, de dialoguer avec leurs avatars monumentaux en peinture acrylique et au visiteur de jouer à cache-cache avec les oeuvres.
Cette impression de déplacement à l'intérieur de l'oeuvre génère également un sentiment de désorientation induit par le changement d'échelle.
Mais sans doute est-ce là pleinement réalisé ce que voulait le peintre, entraîner le regard hors des limites du tableau. Créer un moment artistique et stimuler le spectateur. Voilà qui est réussi. |