Comédie dramatique de Miranda Aboal, mise en scène de Marine Biton Chrysostome, avec Alicia Roda, Nicolas Vayssié, Fer Worcel et El Kinki.
"Parce qu'ils vont crier" est l'histoire d'un couple à travers des fragments de vie et les moments culminants de celui-ci. Au départ, les deux protagonistes juchés sur des escabeaux se parlent sans s'écouter. D'autant plus qu'ils ne s'expriment pas dans la même langue... Intervient alors un traducteur en voix off (Fer Worcel, hilarant) qui ajoute son grain de sel et ponctue ce qui va devenir un affrontement entre celle qui crie et celui qui va crier.
Oeuvre protéiforme à la fois théâtre bilingue, performance et objet de recherche, ce spectacle est surtout une réflexion sur l'amour et la vie à deux. Intelligemment dirigés et éclairés par Marine Biton Chrysostome, les deux acteurs se débattent, s'attirant et se repoussant sans cesse dans une belle énergie, à la recherche d'eux- mêmes.
Dans le rôle de la femme qui crie, Alicia Roda (à ne pas rater également en ce moment dans "Troïlus et Cressida" au Théâtre du Nord-ouest, en vibrante amoureuse de tragédie ) démontre là encore toutes ses qualités et prouve qu'elle est une comédienne de tempérament, promise à une belle carrière. Elle se délecte du texte de Miranda Aboal qui semble écrit pour elle et vociférante ou sensuelle, défend les propos avec frénésie et sincérité.
En face de cet ouragan, Nicolas Vayssié est le contrepoids parfait de sa partenaire. il est impeccable en espagnol flegmatique à l'oeil malicieux.
Sous une apparence qui peut parfois déconcerter, "Parce qu'ils vont crier" est une oeuvre foisonnante et décapante, un véritable jeu de piste aux multiples clins d'oeil pour deux coeurs en convalescence...
Ludique, physique et engagé, ce cri de révolte à la vie aux accents de vérité est transcendé par le jeu imaginatif de ces deux comédiens à la palette étendue |