Folle activité au sein du label français Fargo. En effet, après la jolie compilation Cowgirls Got The Blues et l’acclamé dernier album de Jesse Sykes, voici que déboule dans les bacs Fireproof, deuxième livraison de Dawn Landes après l’approprié Dawn’s Music en 2004.
Ingénieur du son de son état, la jeune américaine a cette fois bouclé l’enregistrement en une journée dans un studio situé dans une ancienne caserne de pompiers, d’où le titre. Et réalisé le mixage dans la foulée. De quoi laisser présager un disque mûrement réfléchi, parfaitement abouti et brut de décoffrage.
Ambiance bucolique, délicates notes de banjo, voix sublime, Fireproof se lance délicatement sur "Bodyguard". Avant d’enchaîner sur l’envoûtant "I Don’t Need A Man", adaptation libre d’un obscur morceau traditionnel. A ce stade, on imagine fort bien Dawn Land, guitare autour du coup, chapeau de cow boy vissé sur la tête, santiags au pied animant une fête country dans une bourgade du sud des Etats-Unis.
Loin de se cantonner à ces clichés évidents, Dawn Landes n’hésite pas à chasser sur les terres de Chan Marshall sur la magnifique "Tired Of This Life", au mimétisme évident, la noirceur en moins. Idem pour "Twillight", malgré un début lorgnant vers l’incroyable Joni Mitchell. Bien que dépourvu d’originalité pour l’adepte de country-folk à la mode féminine, Fireproof tient jusqu’ici sacrément bien la route.
Cependant, quelques nuages commencent à pointer à l’horizon. A commencer par cette impardonnable faute de goût pour une cowgirl digne de ce nom : cette infâme boîte à rythme ainsi que ce groove bancal sur "Picture Show". Sans parler du dispensable "Toy Piano", pénible monologue au piano rappelant les errements récents des sœurs de CocoRosie. Baisse de régime passagère heureusement tant la fin de l’album regorge de réussites telles que "Dig Me A Hole"ou "You Alone".
Bonne impression d’ensemble pour une première écoute ; les suivantes ayant pour effet d’accentuer ces remarques initiales.
On aurait probablement tenu là un envoûtant disque de chevet à la fin de la décennie précédente mais force est de constater que Fireproof passe difficilement le cap des écoutes successives tant le style semble avoir été usé jusqu’à la corde. Pas évident en effet de rivaliser avec des pointures à l’impressionnante personnalité telles que Karen Dalton ou Cat Power …
A voir néanmoins sur scène ou la demoiselle n’est pas sans rappeler une certaine Chan Marshall jeune … |