Du 10 au 13 juillet, le Dour festival a récidivé. Accusation : un programme trop complet, trop éclectique, trop découvreur, mais parfois aussi trop défaillant.
Faire un festival, c’est vivre la musique (oui, c’est pas très original). Plus qu’un concert consumériste avec son côté « j’y vais parce que c’est là qu’il faut être, parce que y’a rien à la télé »… non, le festival est une manière totale de vivre la musique. Camping, mal-bouffe (et les belges savent y faire), crasse (11 douches pour environ 10 000 campeurs), poussière et chaleur (le plein air dans un champ), courte nuit, tenir debout des heures durant, applaudir…
Dour en cela n’est pas très unique face à ses homologues des Eurockéennes, des Vieilles Charrues et de Benicassim… Mais pour survivre il faut savoir se différencier. Cette bonne vieille stratégie d’entreprise est aussi applicable en musique. Et sur ce plan, autant de critiques que de compliments sont à adresser.
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Côté compliments, notons le formidable parti pris pour les découvertes. Woven hand (même si, nous l’avons vu, ce n’en est pas vraiment une, car qui se dit membre de 16Horsepower ne devrait être une découverte pour personne…), Black Dice, Girls In Hawaii, Lcd Soundsytem, the Ex, the Hollywood P$$$ Stars, T-love… et d’autres que j'ai ratées sans doute.
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Dour, deuxième compliment, semble prendre en compte son côté nationaliste et présente, pour nous français, les groupes forts, ou à suivre, de la scène belge : Das Pop, Vive la fête, the Hollywood P$$$ Sars, Venus, Dälek, de mens (qui chantent flamand s’il vous plaît), et de rappeler l’attachement de la Belgique à l’Afrique (non ce n’est pas du néocolonialisme, juste une richesse culturelle héritée de l’Histoire) : Femi Kuti, et autres.
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Ensuite, Dour nous fait revivre les époques révolues de la musique : the Wailers, the Melvins, Tony Rebel. Par ailleurs, Dour sait aussi se montrer « tendance » et électronique (mots qui peuvent aller l’un sans l’autre, et pas toujours uniquement l’un avec l’autre) avec la crème des musiques trafiquées : Alec Empire, Andrew Weatherall, Dj vadim, Ellen Allien, Herbaliser, Miss Kittin, the Hacker, m83, Palindrome, 2 many dj’s, Ivan Smagghe.
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Enfin, Dour choisit d'attirer les foules avec les groupes à succès et de qualité : Dionysos, 2 many dj’s, Venus, Nada Surf, Sparklehorse, Soulfly (pour ceux qui aiment le métal), les Wampas. En post scriptum, nous n’oublierons pas de citer les groupes qui n’entrent dans aucune des ces catégories, mais qui renforcent l’affiche : Calc, Yo la tengo, Stereo mc, Beans, Nashville Pussy, Maximilan Hecker.
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Les groupes passent de catégorie en catégorie, d’où la preuve d’un éclectisme… trop éclectique à mon goût, et c’est peut-être le premier reproche. Là où d’autre festivals réussissent le mélange de la pop et de l’électro, Dour s'avère trop ambitieux (The Hacker et Ivan Smagghe face à Venus), celui du rock intimiste et du métal (de Woven Hand à Tomahawk), ou du rap (cnn, beans…). Deuxième reproche, les invités trop populaires, de qualité médiocre : Superbus, Kyo, Tryo, 2 many Dj’s d’un certain côté, Soulfly, Lofofora, Aqme.
Néanmoins, au final, le bilan est plutôt positif. D’autant que le nombre et l’espacement des scènes permet largement d’éviter les nuisances sonores, et de faire ce petit programme à haute valeur ajoutée.
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Ah ! la Belgique. Pour les francophones qui lisent cet article, le festival estival que chaque mélomane se doit d’honorer est à 90% français, à 6% espagnol et le reste entre Allemagne et Angleterre pour leur programmation réunissant trois festivals français… Le Belgique possède tout de même un excellent calendrier estival avec trois rendez vous : Rock Wechter fin juin dont la line-up n’a rien à envier à Benicassim, Dour mi-juillet, et Pukkelpop fin août histoire de finir l’été avec le sourire aux tympans. Et puis les nuits Botaniques à Bruxelles mi-septembre (comparable au Printemps de Bourges pour le faible risque de la programmation et la cherté des places).
Sinon la Belgique pour un festival c’est le pied. De bonnes frites, de la bière à foison.. voilà tous les clichés (si on ferme les yeux sur l’accent des festivaliers !)
Dour n’est donc ni conseillé ni déconseillé : si vous passez dans le coin l’an prochain, avant vos vacances sur la côte pour faire trempette dans la mer du Nord, arrêtez vous un week-end, sinon, attendez l’hiver pour voir les découvertes de Dour entamer leurs tournées des salles.
Cette année, il faudra compter (et donc booker son agenda) sur Woven hand, Das Pop et Girls of Hawaii (déjà aperçus, sporadiquement, en première partie, en France), Black Dice, Maximilian Hecker, the Hollywood P$$$ Stars, et Vive la fête dans les dancefloors.