Texte d'Aristide Tarnagda, mise en scène d'Eva Doumbia avec Salimata Kamaté, Sabine Samba, Marie-Rose Moro, Nanténé Traoré.
Eva Doumbia, metteur en scène d’origine franco-ivoirienne, investit la petite salle du Théâtre de la Tempête avec deux spectacles qui traitent de la condition noire sous forme d’un point-contrepoint à un demi siècle d’intervalle.
"Primitifs - about Chester Himes" évoquait, avec le parcours de l’écrivain Chester Himes, tant sa vie que ses écrits, les noirs américains des années 50. Avec "Exils 4", elle se saisit d’un texte d'un auteur burkinabé, Aristide Tarnagda, composant une tétralogie consacrée aux migrants pour composer un spectacle fort et singulier représentatif sa "patte" formelle.
Construit comme une mosaique qui mêle vidéo, musique, danse, théâtre, récit et "happening", "Exils 4" aborde un sujet intemporel qui connaissent une résonance contemporaine accrue avec les nouvelles vagues migratoires extra européennes, notamment issues du continent africain, qui sont confrontées, à la question récurrente d'identité, qui existaient déjà pour les migrants historiques de l'Europe du Sud ou de l'Europe de l'Est mais qui se double aujourd’hui des affiliations conflictuelles liées au métissage des cultures, des races et des religions.
Les comédiennes Salimata Kamaté, Marie-Rose Moro et Nanténé Traoré et la danseuse-chorégraphe Sabine Samba mettent en espace, en mots et en corps cette problématique des émigrés de la deuxième génération, nomades identitaires en quête du pays qui sera - à défaut d'être - le leur et la connaissance indispensable et fondatrice des racines porteuses, peut être, d'une nouvelle identité cosmopoléthique. Une recherche métaphore d'une re-naissance avec ce que cela peut comporter, parfois, de doulour et d'incertitudes.
A cet égard, "Exils 4" apporte un éclairage indispensable sur les enjeux du débat politique de l'ethnicité et du multiculturalisme, tant au niveau social qu'au plan de l'individu et d'une intéressante novation en matière de dramaturgie.
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