Ah, les disques solos de Thurston Moore, tout un programme : on a souvent "à boire et à manger" et il faut souvent composer avec un brou infâme…
C’est que le père Thurston se perd souvent dans d’interminables logorrhées soniques qui découragent ses fans les plus indécrottables dont je fais bien évidemment partie…
Bonne nouvelle, car Trees Outside The Academy est largement plus fréquentable que la moyenne des efforts solos du bonhomme… Il s’inscrit dans la lignée de Psychic Hearts, sorti en 95, qui malgré de bons morceaux restait tout de même largement en dessous de ce que proposait la jeunesse sonique à cette époque bénie des dieux, lorsque le groupe mettait tout le monde à genoux avec son classique Washing Machine…
Avec Trees Outside The Academy, Thurston Moore s’inscrit dans la continuité du dernier Sonic Youth , Rather Ripped et de son rock adulte (Adult Rock chez les anglais). Sur les quatre titres qui inaugurent ce disque, c’est un Thurston Moore débranché que l’on découvre, sans une once de distorsion à l’horizon, et épaulé par des cordes diluviennes ("Silver Blue", "The Shape Is In A Trance") … Des morceaux à faire changer d’avis votre mère sur Thurston Moore…
Plus loin, "Never Day" est dans la même veine : folk décomplexé, violon à faire pleurer dans les chaumières… Mais bon on ne se refait pas…Thurston a beau approcher la cinquantaine, il reste toujours autant fasciné par le bruit et les larsens… "Wonderful Witches + Language Meanies" fleure bon l’urgence adolescente (l’émeute adolescente ?)…
D’ailleurs Thurston s’énerve sur sa Fender avec autant de plaisir qu’un ado qui s’éclaterait un bouton d’acné tout purulent… Sur ce morceau on retrouve d’ailleurs un autre vieux briscard : son vieux pote Jay Mascis vient placer un solo "Dinosaur Junioresque" à souhait… Le morceau titre "Trees Outside The Academy", où l’on retrouve Mascis et un de ses inénarrables solos, ressemble à une Jam Session entre Sonic Youth et Dinosaur Junior.
Mais que les choses soient bien claires, point de nostalgie sur ce disque. Certains reprocheront au leader de Sonic Youth de faire le grand écart, d’avoir le séant entre deux chaises…
Ce disque montre au contraire un Thurston Moore assumant son côté "adult rock", tout en faisant comprendre aux rabats joies susceptibles de lui reprocher une certaine mollesse qu’il reste le "Seigneur des Marshaux" (ben oui, un Marshall, des Marshaux …) |