Minimum, ce nouveau label parisien évite sérieusement le nombrilisme ambiant. Après avoir signé l'américain David Mead, les parisiens (quand même) de Sing Sing, le grenoblois Greg Gilg, c'est au tour d'un groupe franco-américain de rejoindre l'équipe.
Perio, c'est une vieille histoire. Croisé il y a moult années lors d'un Medium Crash remarqué ... Par quelques uns, nous les avions un peu perdus de vue, sans jamais vraiment les oublier cependant, leur disque ayant toujours sa place de temps à autre dans une playlist un peu osée, entre amis.
Et donc les revoilà. Mais qu'ont-ils fait de tout ce temps ? Des albums tristement passés inaperçus peut-être. Ont-ils bien vieilli (c'est qu'on se fait vieux nous aussi, il ne faudrait pas trop nous brusquer) ?
The great divide rassure tout de suite. Dès les premières notes, on sent qu'on va être bien, au chaud, à l'aise.
Cette guitare paresseuse qui transpire l'Amérique sans sentir pour autant la country sous les aisselles, cette voix un peu nasale et suave qui sait aussi se taire quand il le faut comme sur "When echoes bounce" rappelant parfois le Swell de 41.
Mais on pourrait aussi bien parler de Red house painters ("lo res NYC") pour cet esprit de songwriting américain, ou de la bande de Tucson, mais sans les mariachis, plus Howe Gelb que Calexico. Et que dire de "Unconnected soul", lorgnant du coté de Jay Jay Johanson et ses rythmes electro et chaleureux ?
"An evening constitutional" enfonce le clou à grand renfort de claviers old school. "Bfap" rappelle les meilleures heures de Luna avec son duo nonchalant autant que chaleureux.
Un grand écart de prime abord qui donne en fait un album étonnamment uniforme et pourtant varié, jamais chiant et souvent surprenant. En effet, malgré ce melting pot sonore, les Perio ont leur son bien à eux mixant intelligemment les instruments d'un blues rock des plus classiques avec quelques sonorités plus modernes et une voix qui s'impose sans être ni exceptionnelle ni trop présente.
Notons aussi quelques réminiscences des Married Monk (autre groupe mythique français) dues bien entendu à la présence de Christian Quermalet sur l'album. Une sensibilité pop de notre vieille Europe mariée au folk rock US. On ne pouvait rêver une plus belle progéniture.
Enfin une alliance franco-américaine qui marche, ne boudons pas notre plaisir. |