Personnage multi-facettes, activiste confirmé de la scène hip-hop "déviante" française, au coté de TTC (avec qui il réalisa L'antre de la Folie en 1999), de Fuzati, Baste et consorts au sein du Klub des Sept, ou encore de Le Jouage avec qui il réalisa des albums sous le blaze de Gravité Zéro, tantôt producteur, tant MC, il a néanmoins fallu attendre 2007 pour le retrouver enfin en tête à tête avec lui même, et ce depuis son premier essai concluant : Acouphene, Ep datant de 2002.
A l'écoute du Cri du papillon, pas difficile de savoir à quelle famille Delleck appartient, ce qui reste plutôt rassurant lorsque l'on sait que cet album sort sous le "sous-marin" de Warner, Tôt ou tard ...
Il ne renie rien de ses origines, et voir même nous prouve que cette scène, en marge de la culture hip-hop "traditionnel" (pour qui Skyrock reste l'église et Bouba ou Cynik les messies), se propage de jours en jours, jusqu'à en dépasser le simple confinement de l'underground, portée par ses Frères d'Armes (Fuzati, Detect, Le Jouage, Baste, Tekilatex, etc...), à l'instar de l'influence de Def Jux outre-Atlantique...
Dés l'ouverture de l'album, sur "Chrysalide", instru de plus de 2 minutes, Delleck nous expose derrière ces machines son terrain de jeu, sous le signe de la mixité, avec cette montée allant de la pop abstract pour finir en hip-hop au beat acéré, le tout en se payant le luxe d'inviter Ségal (M, Bumcello, Congo Punk) au violoncelle...
Mais la suite de ce premier LP prouve, que malgré ses allures de rocker, à la carrure d'un pilier du hip-hop français, et comme il nous le rappelle en concluant cette album sur "J'ai appris", il devient adulte ...Les instrus sont comme son flow, personnel et clair, lorgnant (parfois trop prés) des sonorités 80's, mais avec une efficacité déconcertante, tout en gardant la richesse de cette permanente confrontation entre électro et acoustique ...
Le spectre de réflexion est large, des aspects les plus sombres de la vie ("15 ans") au nouveau riche et toujours beauf ("Gérard de Roubaix"), en passant par l'exclusion ("L’étranger").
Delleck traite sans pitié ni concession de notre quotidien, se servant de la guitare pour rendre encore plus cinglant son propos, nous prouvant une nouvelle fois qu'il est au fond un rocker...et avec la classe.