Echappé solo de Mélatonine (pas les ados attardés qui jouent à Good Charlotte mais les post rockeux nancéens), Mathieu Lozinguez tente avec ce KKWAC de prendre le contre-pied sur le post rock de son groupe.
Au revoir les guitares tranchantes, les longues plages planantes et mélancoliques et les envolées sonores surpuissantes.
Bonjour les bidouilles électro, les boucles et les ambiances entre BO et BD (toujours aussi noires en revanche que chez Mélatonine). Ce côté film noir, voire comics est d'ailleurs entretenu par l'insertion entre les morceaux de dialogues et même d'extraits de comédies musicales "à l'ancienne" (voix nasillardes à l'appui) à la fin de "Rats" donnant tout au long de l'album une vraie cohérence de bande originale de film.
Toujours aussi hypnotiques, les morceaux s'élaborent autour de rythmiques électroniques aux airs et aux rythmes de pistons dans une usine de construction à la chaine. Tsss, psssschhh, brrrmm encore des évocations du monde de la bd ("System 21"). Viennent alors se greffer dessus des sons synthétiques croisés en d'autres temps du côté de la cold wave, de T21 à Front242 comme sur "King K".
Mais on trouve aussi sur KKWAC un piano, un accordéon et autres instruments traditionnels donnant même parfois l'impression de se retrouver sur un disque de Pascal Comelade ou de Yann Tiersen ("Do you mind") et le mélange, autant le dire tout de suite, est tout à fait réussi.
Exercice de style et mélange des genres donc sont au programme de cette tentative solo et contrairement à beaucoup de "solistes" qui tentent l'aventure hors de leur groupe, Mathieu Lozinguez en profite pour expérimenter, aller plus loin, s'affranchir de ses mécanismes post rock et peut-être ouvrir de nouvelles perspectives à Mélatonine.
On retrouve cependant son goût pour les titres instrumentaux puisque les seules illustrations sonores sont faites de samples de provenances variées."Believe me" et son harmonium finiront de convaincre les plus sceptiques.
Pour les amateurs d'ambiances noires, de musiques un peu tordues et pour ceux qui trouvent que l'album de Zone Libre n'est pas un disque accessible, alors en vérité, sachez-le, King Kong was a cat est à écouter de toute urgence. Il s'agit probablement de la meilleur comédie musicale n'ayant jamais existée. You must "believe me"... |